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lundi 16 juin 2025

« Juge et partie » : Maître Traoré alerte sur un processus électoral biaisé en Guinée

Dans une tribune sans détour, l’avocat Maître Mohamed Traoré alerte sur les dérives d’un processus électoral qu’il estime compromis dès son fondement.

Selon lui, l’administration publique guinéenne, du niveau local jusqu’au sommet de l’État, est profondément politisée. Il dénonce des administrateurs territoriaux qui n’hésitent pas à organiser ou à prendre part à des manifestations de soutien à la candidature du Président de la Transition, se comportant ouvertement comme des militants d’un parti politique. Cette posture, affirme-t-il, porte gravement atteinte à la crédibilité et à la sincérité des futures élections.

À cela s’ajoute, selon Maître Traoré, la désignation de la Direction Générale des Élections (DGE), nouvellement créée et placée sous l’autorité directe du ministère de l’Administration du Territoire, comme organe en charge de l’organisation des scrutins. Une configuration qu’il assimile à une logique de « juge et partie ».

« Ce serait simplement la consécration de la règle du juge et partie », martèle-t-il.

L’avant-projet de Constitution, rappelle-t-il, avait pourtant prévu un organe technique indépendant chargé de la gestion des élections, comme institution d’appui à la gouvernance démocratique. À ce jour, il reste flou si cette disposition a été maintenue dans le projet de Constitution qui sera soumis au référendum.

Une comparaison qui interpelle

Maître Traoré oppose la situation guinéenne à celle du Sénégal, où les élections sont organisées par le ministère de l’Intérieur, sans qu’il n’y ait de doute majeur sur leur transparence, selon ses termes. Une comparaison qui met en lumière, d’après lui, l’écart en matière de culture démocratique entre les deux pays.

Poussant la réflexion à l’extrême, il suggère qu’à ce rythme, il serait presque plus « cohérent » d’imiter le Mali ou le Niger, en renonçant à organiser des élections coûteuses aux résultats connus d’avance. Il ironise ainsi sur une issue qui consisterait à réunir les « forces vives de la Nation », qui, à l’issue de leurs assises, recommanderaient simplement un mandat de 5 à 7 ans renouvelable pour le Président de la Transition.

Une démocratie d’apparat ?

Enfin, l’avocat questionne la participation réelle des partis politiques guinéens à un processus qu’il juge déjà verrouillé. Selon lui, aucun parti sérieux ne devrait prendre part à une élection qui, au lieu de traduire un véritable choix démocratique, risquerait de servir uniquement à légitimer un processus sans inclusion ni transparence.

« Dans tous les cas, ces rappels et observations ne servent plus à grand-chose. Le train est lancé, et rien ne semble pouvoir l’arrêter », conclut-il avec résignation.

Facinet Soumah

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