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jeudi 8 mai 2025

Washington veut expulser des migrants vers l’Afrique : l’Angola et la Guinée équatoriale disent non

L’administration Trump, dans le cadre de son programme d’expulsions massives, a entamé des négociations controversées avec plusieurs pays d’Afrique, notamment l’Angola et la Guinée équatoriale, pour accepter des migrants expulsés des États-Unis, y compris des personnes sans aucun lien avec ces pays. Cette stratégie, révélée par des documents internes du gouvernement américain, soulève de vives critiques sur les plans juridique, humanitaire et diplomatique.

Selon les informations divulguées, Washington cherche à intensifier sa capacité d’expulsion en dirigeant certains migrants – notamment des ressortissants de pays tiers ou des individus soupçonnés d’avoir des liens avec des gangs – vers des États avec lesquels ils n’ont ni origine, ni famille, ni antécédents de résidence. Si certains pays d’Amérique latine ont déjà accepté des accords similaires sous pression diplomatique, l’administration Trump tente désormais d’élargir cette pratique à des régions plus éloignées, notamment l’Afrique et l’Europe.

Cependant, les réactions des pays ciblés sont jusqu’ici largement négatives. Un haut responsable angolais a fermement rejeté l’idée, déclarant que « l’Angola ne saurait accepter sur son territoire des ressortissants étrangers n’ayant aucun lien avec notre pays ». De même, un représentant de la Guinée équatoriale a catégoriquement nié que des pourparlers de ce genre aient été entamés.

Pour de nombreux observateurs, ces efforts relèvent moins d’une stratégie migratoire réfléchie que d’un signal politique. « Il s’agit avant tout d’un outil de dissuasion », estime un analyste en droit international. « Le gouvernement cherche à envoyer un message fort aux candidats à l’immigration : même si vous arrivez aux États-Unis, vous risquez d’être expulsé vers un pays que vous ne connaissez même pas ».

Les implications juridiques de cette politique sont alarmantes. Des experts mettent en cause la compatibilité de ces expulsions avec le droit international, notamment les principes de non-refoulement, qui protègent les migrants contre un renvoi vers des situations où ils pourraient subir des traitements inhumains ou dégradants. De plus, l’absence de liens entre les migrants et les pays de destination rend toute réintégration sociale pratiquement impossible.

Cette initiative intervient dans un contexte où l’administration Trump, depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, a considérablement renforcé sa politique migratoire. Elle a multiplié les détentions, relancé des projets de mur frontalier et limité l’accès à l’asile. L’idée d’utiliser des pays tiers éloignés comme destination finale pour les expulsés représente une nouvelle étape, jugée par certains comme extrême et inefficace.

Alors que les négociations semblent patiner, notamment avec l’hostilité affichée de l’Angola et de la Guinée équatoriale, la stratégie américaine pourrait néanmoins trouver écho auprès de gouvernements en quête de concessions diplomatiques ou économiques. Mais au prix, selon les défenseurs des droits humains, d’une grave atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes concernées.

La tentative de l’administration Trump de redéfinir les règles des expulsions internationales ouvre un dangereux précédent. En cherchant à transférer des migrants vers des pays tiers sans lien évident, Washington s’expose à de sérieuses contestations, tant sur le plan humanitaire que diplomatique. Une bataille juridique semble inévitable, alors que le monde observe avec inquiétude la dérive d’une politique migratoire de plus en plus coercitive.

Xolomo Tokpa

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