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mardi 6 mai 2025

VATICAN : Élection d’un nouveau pape, 5 cardinaux africains clés pour un conclave

Cinq cardinaux africains figurent parmi les personnalités clés du conclave qui s’ouvre ce mercredi 7 mai au Vatican pour désigner le prochain pape. Ils représentent différentes branches de l’Église, des très conservatrices aux réformistes. Certains sont même cités comme de possibles successeurs de François. RFI dresse leurs portraits.

En haut, de gauche à droite : Fridolin Ambongo, Dieudonné Nzapalainga, Stephen Brislin. En bas, de gauche à droite : Peter Turkson et Robert Sarah.

Connu pour son franc-parler, l’archevêque de Kinshasa a pour sujets de prédilection la justice sociale, la lutte contre la pauvreté et contre la corruption, ou encore la défense de la démocratie : ce qui le conduit à se mêler parfois de politique, comme en 2018, lorsqu’il s’oppose à la candidature de l’ex-président Joseph Kabila à un troisième mandat, ou comme en 2024 lorsqu’il critique la gestion par le président Félix Tshisekedi de la guerre dans l’est de la RDC. Ce qui lui vaut des menaces de poursuites pour  » propos séditieux  » de la part de la justice congolaise. Cela le rend populaire mais lui attire parfois les foudres.

Fridolin Ambongo est né 1960 à Boto, dans la province du Nord-Ubangi. Fils d’un travailleur dans des plantations d’hévéas, il étudie d’abord la théologique, puis s’engage dans l’ordre religieux des Capucins.

Depuis qu’il est devenu cardinal en 2019, son ascension est fulgurante. Et sa voix porte aujourd’hui bien au-delà de son pays. En Afrique notamment, puisqu’il préside l’organe qui fédère les évêques africains. Mais aussi jusqu’au Vatican : Fridolin Ambongo, est membre du conseil des cardinaux qui entourait le pape François. Il avait donc son oreille, au point de peser dans les orientations de l’Église.

Plutôt conservateur, il a mené la fronde en décembre 2023 contre la bénédiction des couples homosexuels autorisée par le pape François et avait alors obtenu une dérogation pour le continent africain.

Le Congolais Fridolin Ambongo compte parmi les quelques cardinaux considérés comme de potentiels successeurs au pape François.
Le Sud-Africain Stephen Brislin,  » un petit poisson  » plutôt libéral.
D’ascendance irlandaise et écossaise, Stephen Brislin est le seul des deux cardinaux sud-africains à pouvoir voter au conclave, l’autre, Wilfrid Fox Napier, étant atteint par la limite d’âge de 80 ans. À 68 ans, Stephen Brislin est devenu archevêque de Johannesburg au début de l’année après avoir été celui du Cap pendant près de 15 ans. Élevé au rang de cardinal en 2023, il révèle à cette occasion sa personnalité modeste aux Sud-Africains.  » Je ne réalisais pas que le pape connaissait mon nom « , avait-il notamment réagi à l’époque.

Réputé dans son pays pour son engagement politique et social, Stephen Brislin avait profité de son passage à la présidence de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique du Sud pour en fournir une illustration en amenant l’instance à s’intéresser au sort des anciens travailleurs des mines atteints de maladies pulmonaires, relate la correspondante de RFI à Johannesburg, Claire Bargelès. C’est également à sa tête qu’il a dénoncé, en 2017, le système de corruption mis en place sous le règne de l’ancien président Jacob Zuma. Plutôt libéral, Stephen Brislin avait accepté, avec toutefois quelques réserves, la décision de François d’octroyer la bénédiction aux couples dits  » irréguliers « , et notamment homosexuels, à la fin de 2023, contrairement à d’autres Églises du continent africain.

Reconnaissant lui-même ne pas compter parmi les favoris pour l’élection au trône de Saint Pierre, il s’estime être  » un petit poisson par rapport à certains véritables géants, ces gens qui ont une grande intelligence et beaucoup d’expérience « .

Le Guinéen Robert Sarah, figure de la branche la plus conservatrice de l’Église
Parmi les cardinaux africains faisant figure de personnages-clé lors du conclave, le Guinéen Robert Sarah, fait cardinal en 2010 par le pape Benoît XVI, est le chef de file de la branche la plus conservatrice de l’Église. Il s’est rendu célèbre il y a dix ans avec son ouvrage Dieu ou rien, un livre d’entretiens traduit dans le monde entier et vendu à plus de 300 000 exemplaires, rapporte notre correspondant à Conakry, Tangi Bihan.

Dans ce livre et ailleurs, le cardinal Sarah tient des positions très conservatrices. Il promeut les messes traditionnelles, en latin, et rejette l’évolution de la liturgie sur le continent, des messes qu’il qualifie de  » trop bruyantes  » et  » trop africaines ». Même s’il s’en défend, ses positions en ont fait l’un des chefs de file de l’opposition au pape François. Il a qualifié d’ » hérésie  » la bénédiction des couples homosexuels, lorsque le défunt pape l’avait autorisée.

Originaire d’Ourous, un village du nord de la Guinée et frontalier du Sénégal, il est fait archevêque de Conakry en 1979, à 34 ans seulement. En Guinée, il est surtout connu pour son courage politique : il s’est frontalement opposé au président Sékou Touré, puis à son successeur Lansana Conté. Plus récemment, sous le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), il s’est insurgé contre la décision de rebaptiser l’aéroport de Conakry au nom de Sékou Touré. Puis, il a lancé un avertissement aux autorités de transition : quelques semaines seulement après leur prise de pouvoir, il leur a demandé  » de rester fidèles aux engagements solennels pris le 5 septembre 2021 « , lors du coup d’État.

Source : RFI

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