Le Barreau de Guinée a officiellement marqué sa grande rentrée pour l’année judiciaire 2025-2026 ce lundi 13 octobre 2025. Contrairement à l’année précédente, la cérémonie s’est déroulée sous une forme “plus sobre” mais “non moins significative”, prenant la forme d’un grand cocktail d’échange et de partage. L’événement, présidé par le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, a réuni l’ensemble des acteurs du secteur autour du thème porteur : “Profession unie et justice renforcée”.
L’assistance était de marque, comprenant notamment le Représentant du Premier Président de la Cour Suprême, le Premier Président de la Cour d’Appel de Conakry, le Procureur Général, ainsi que plusieurs chefs de juridiction, témoignant de l’importance de ce rendez-vous pour la cohésion de l’appareil judiciaire guinéen.
Maître Mamadou Souaré Diop, Bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Guinée, a expliqué le choix de cette formule épurée, tout en insistant sur la nécessité de maintenir un “moment de rencontre, de convivialité et de réflexion partagée”. Le thème de l’année, a-t-il souligné, exprime une “conviction profonde” : aucune profession, seule, ne peut garantir une justice “crédible et efficace”.
« La justice n’est pas un édifice à un seul pilier, mais une architecture harmonieuse, soutenue par plusieurs colonnes solidement liées entre elles,” a déclaré le Bâtonnier Diop, rappelant les rôles fondamentaux des magistrats, avocats, notaires, huissiers et experts. Tous, a-t-il affirmé, poursuivent la même finalité : “la protection du droit, des libertés et de la dignité humaine.” Face aux défis communs tels que la lenteur des procédures et la méfiance des justiciables, le dialogue, la coopération et la solidarité sont “plus que jamais” exigés. »
Le message d’unité a trouvé un écho favorable chez les autres intervenants. Sidy Souleymane N’Diaye, Procureur général par intérim de la Cour Suprême, a félicité le Barreau pour cette initiative, soulignant que cette “communauté” a pour vocation de “contribuer à la manifestation de la vérité en faisant en sorte qu’à toutes les étapes de la procédure, il y ait une bonne administration de la justice.” Il a rappelé l’engagement de la Cour Suprême à œuvrer pour le bien de la justice, insistant sur la coopération nécessaire entre les institutions, à l’exclusion de toute “complicité”.
« Je voudrais à travers ce message que je délivre au nom du Premier Président que vous soyez rassurés de l’engagement de la Cour suprême à œuvrer pour le bien de la justice. Au-delà de tout ce qu’il peut y avoir de pesanteur, pesanteur il y en a, pesanteur il y en aura toujours. Il appartient à la justice d’avoir les épaules solides pour résister aux différentes pesanteurs. Sans rien casser, sans rien briser, sans rien écraser. Nous sommes de ceux qui croient que dans un état de droit les institutions doivent coopérer, que les institutions doivent collaborer. La seule chose qui soit défendue aux institutions c’est la complicité. Elles ne peuvent pas faire de complicité contre quiconque mais elles doivent collaborer pour le bien de la nation. »
Clôturant les interventions, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, a salué le choix du Barreau de substituer à la rentrée solennelle un moment de rassemblement fraternel, y voyant une preuve que “l’esprit de corps et la cohésion professionnelle sont les véritables forces d’une institution durable”. Il a réaffirmé la vision d’une justice comme “œuvre collective”, où l’avocat est à la fois “défenseur du justiciable et collaborateur du juge.” Le ministre a également assuré que le gouvernement reste fermement engagé à moderniser l’appareil judiciaire, soulignant que ces réformes ne peuvent réussir “sans votre implication, sans votre expertise et sans votre sens élevé du devoir.”
« Le gouvernement de la République, sous la conduite de son excellence, Monsieur le Président, chef de l’État, reste fermement engagé à moderniser l’appareil judiciaire, à améliorer les conditions de travail des magistrats et des auxiliaires de justice et à promouvoir l’accès équitable aux droits et à la justice sur toute l’étendue du territoire national. Mais ces réformes ne peuvent réussir. Sans votre implication, sans votre expertise et sans votre sens élevé du devoir, c’est ensemble, magistrats, avocats et ordres professionnels que nous parviendrons à bâtir une justice indépendante, efficace et respectée. »
Le thème “Profession unie et justice renforcée” n’est pas resté un simple slogan, mais s’est imposé comme la feuille de route d’une année judiciaire qui devra naviguer entre les impératifs de modernisation et la nécessité de restaurer la confiance citoyenne.
Facinet Soumah

