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samedi 7 juin 2025

Tunisie : Fin des CDD abusifs et interdiction de la sous-traitance

La Tunisie a amorcé un tournant radical dans sa politique de l’emploi. Le 23 mai 2025, le gouvernement a promulgué une réforme du Code du travail qui interdit désormais la sous-traitance de main-d’œuvre et limite drastiquement l’usage des contrats à durée déterminée (CDD). Une mesure qualifiée de « révolutionnaire » par certains, mais qui soulève une vive inquiétude dans les milieux économiques.

⚖️ Ce que dit la loi

À compter de son entrée en vigueur, les CDD ne pourront être utilisés que dans trois cas stricts :

  • Le remplacement d’un salarié absent ;
  • Un surcroît temporaire d’activité ;
  • Un emploi saisonnier.

Parallèlement, la sous-traitance de main-d’œuvre devient illégale, une disposition inédite qui vise à mettre fin à des pratiques jugées abusives dans de nombreux secteurs, notamment la sécurité, l’entretien et les services aux entreprises.

💥 Des licenciements massifs dans le tourisme

L’annonce de cette réforme a eu des effets immédiats. Plusieurs entreprises du secteur touristique ont procédé à des centaines de licenciements, anticipant la fin des contrats temporaires qu’elles utilisaient massivement, en particulier pendant les périodes de haute saison.

« On ne peut pas embaucher en CDI pour un besoin de trois mois », déplore un hôtelier basé à Hammamet. « Cette loi nous place dans une impasse. »

Les PME, particulièrement dépendantes de la flexibilité des CDD, redoutent une vague de faillites si aucune mesure d’accompagnement n’est mise en place.

👷‍♂️ Des travailleurs mieux protégés ?

Pour les syndicats, cette réforme est une avancée majeure. Ils dénonçaient depuis longtemps la généralisation des contrats précaires qui empêchaient les salariés d’accéder à des droits sociaux complets et à une stabilité professionnelle. « C’est une victoire pour la dignité du travailleur tunisien », a déclaré un représentant de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT).
« Mais elle doit être suivie d’une refonte des politiques d’embauche pour éviter les effets pervers. »

📊 Un équilibre difficile entre flexibilité et stabilité

Avec un taux de chômage dépassant les 15 %, dont près de 40 % chez les jeunes diplômés, le gouvernement parie sur une transformation structurelle du marché de l’emploi.
Mais les analystes pointent le risque d’un choc à court terme, notamment dans les secteurs saisonniers, les start-ups et les services.

Le ministère du Travail a promis des concertations avec les partenaires sociaux et envisage des mécanismes de transition, comme des incitations à l’embauche en CDI, ou des subventions ciblées pour les secteurs en difficulté.

🔮 Vers un nouveau contrat social

En interdisant la sous-traitance de main-d’œuvre et en limitant les CDD, la Tunisie rompt avec des décennies de dérégulation. C’est un choix de société, porté par la volonté de revaloriser le travail, sécuriser les parcours professionnels et lutter contre la précarité.

Mais le succès de cette réforme dépendra de son application concrète et de la capacité des acteurs économiques à s’adapter à un nouvel environnement réglementaire, jugé à la fois ambitieux et risqué.

📌 Conclusion

La réforme tunisienne du 23 mai 2025 constitue l’un des changements les plus radicaux du droit du travail dans la région. Si elle promet plus de sécurité pour les travailleurs, elle génère aussi de l’incertitude pour les entreprises. L’équation entre justice sociale et viabilité économique sera désormais au cœur du débat.

Xolomo Tokpa

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