Dans un geste politique rare et très attendu, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a reçu ce jeudi à Kinshasa l’opposant historique Martin Fayulu. Cette rencontre, tenue à huis clos, marque un tournant majeur dans le climat politique congolais, sur fond d’aggravation de la crise sécuritaire dans l’est du pays.
Un signal fort en pleine crise
Alors que la région du Nord-Kivu est en proie à une intensification des combats entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et les rebelles du M23, le chef de l’État a multiplié les appels à l’unité nationale. En acceptant de rencontrer Martin Fayulu, principal rival de l’élection présidentielle de 2018, Félix Tshisekedi envoie un signal fort : face aux menaces sur l’intégrité territoriale, le temps est à la concertation et au sursaut patriotique. « Nous avons une responsabilité commune : sauver notre nation », aurait déclaré le président à l’issue de la rencontre, selon une source proche de la présidence.
Fayulu : « La balkanisation est en cours »
Quelques jours avant cette rencontre, Martin Fayulu s’était déjà exprimé avec force dans une adresse à la nation congolaise, lundi dernier. Il y dénonçait ce qu’il qualifie de « balkanisation en cours » de la RDC. « La balkanisation que nous redoutions est désormais en cours. Il faut l’arrêter de toute urgence », a-t-il alerté.
Dans ce discours, Fayulu a lancé un appel direct à Corneille Nangaa, coordonnateur de la rébellion AFC-M23, pour qu’il cesse d’être complice du massacre des Congolais et du pillage des ressources nationales. Il a également interpellé Joseph Kabila, ancien président de la République, désormais installé à Goma, lui demandant de quitter cette zone sous contrôle rebelle et de mettre fin à sa collaboration avec ceux qui déchirent le pays.
Vers un front politique pour la paix ?
Ce discours percutant intervient dans un contexte où Martin Fayulu, Joseph Kabila, Moïse Katumbi et Delly Sessanga avaient publié une déclaration commune réclamant un dialogue politique inclusif pour sortir le pays de la crise. Cette convergence politique entre opposants historiques pourrait annoncer une recomposition du paysage politique congolais.
Et si l’alliance Tshisekedi–Fayulu semblait encore impensable il y a quelques mois, certains observateurs notent qu’elle n’est désormais plus à exclure.
Interrogé sur une éventuelle entrée de son parti dans les institutions, Martin Fayulu a précisé que cette question n’avait pas été abordée lors de la rencontre de jeudi. Il continue par ailleurs de revendiquer la victoire à la présidentielle de 2018, accusant Félix Tshisekedi de lui avoir « volé le pouvoir » avec l’appui du clan Kabila.
🔍 Enjeux de la rencontre :
- Réaffirmation de la souveraineté nationale face au M23 et aux ingérences extérieures
- Tentative de décrispation entre pouvoir et opposition
- Mise en œuvre possible d’un dialogue national inclusif sur la sécurité et la gouvernance
Xolomo Tokpa
