Arusha, Tanzanie – Le leader emblématique de l’opposition tanzanienne, Tundu Lissu, a décidé de se représenter lui-même devant la justice, après avoir affirmé avoir été privé d’assistance juridique durant ses 68 jours de détention pour des accusations de trahison. Placé sous une surveillance constante et détenu dans des conditions extrêmement dures, notamment dans une cellule réservée aux condamnés à mort, Lissu dénonce des violations flagrantes de ses droits fondamentaux.
Une arrestation hautement politique
Cette arrestation marque l’affaire judiciaire la plus grave que Tundu Lissu ait jamais affrontée, provoquant une vague d’indignation internationale. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’elles considèrent comme une tentative d’étouffer l’opposition dans le pays. Une plainte officielle a même été déposée auprès des Nations unies, soulignant les atteintes à la liberté d’expression, d’opinion et de culte.
Lissu affirme que même sa liberté de prier a été restreinte, ce qu’il considère comme une répression ciblée visant à briser son engagement politique et personnel.
Le parti Chadema exclu des élections
Le parti de Tundu Lissu, Chadema, a récemment été exclu des élections générales d’octobre pour avoir rejeté le nouveau code électoral, qu’il qualifie d’illégal et biaisé. Cette exclusion est perçue comme une manœuvre politique visant à affaiblir l’opposition et à consolider le pouvoir de la présidente Samia Suluhu Hassan.
Selon Chadema, le régime en place serait engagé dans une dérive autoritaire, multipliant les arrestations arbitraires et les restrictions de libertés, dans un climat politique de plus en plus tendu.
Un combat personnel et national
En décidant d’assurer seul sa défense, Tundu Lissu envoie un signal fort : malgré les intimidations, il n’abandonnera ni son combat personnel, ni la lutte plus large pour les réformes démocratiques en Tanzanie.
« Je n’ai rien à cacher, ni à craindre. Je défendrai ma cause, et celle de tous les Tanzaniens épris de justice« , a-t-il déclaré depuis sa cellule.
Face à une justice qu’il juge instrumentalisée, Lissu entend transformer son procès en tribune pour dénoncer les abus et raviver les aspirations démocratiques du peuple tanzanien.
Xolomo Tokpa

