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samedi 31 mai 2025

Sidi Ould Tah élu président de la BAD : un nouveau chapitre stratégique pour la finance africaine

Abidjan, mai 2025 – Le Mauritanien Sidi Ould Tah vient d’être élu à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), obtenant plus de 76 % des voix à l’issue d’un scrutin en trois tours particulièrement serré. Cette élection marque la fin du mandat du Nigérian Akinwumi Adesina, dont le leadership a profondément transformé l’institution financière panafricaine.

Un héritage imposant à consolider

En dix ans à la tête de la BAD, Adesina a laissé une empreinte indélébile : triplement du capital de la banque, plus de 565 millions de bénéficiaires de projets de développement, et un plaidoyer international en faveur du financement durable de l’Afrique. Le défi pour Ould Tah sera donc de poursuivre cette dynamique, tout en adaptant l’institution à un contexte mondial plus incertain.

Un profil technique pour une mission politique

Avant sa nomination, Sidi Ould Tah dirigeait la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Ce parcours à la croisée des financements arabes et africains le dote d’une expertise technique reconnue et d’un carnet d’adresses stratégique. Sa double capacité à mobiliser des ressources et à dialoguer avec des partenaires diversifiés pourrait s’avérer déterminante pour l’avenir de la BAD.

Des défis immédiats et complexes

Le contexte économique mondial se durcit. Tensions tarifaires, incertitudes géopolitiques et menaces de désengagement de partenaires clés comme les États-Unis fragilisent les mécanismes de financement multilatéraux. Dans ce climat, le nouveau président devra :

  • Renforcer les contributions des grands États africains comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud.
  • Diversifier les sources de financement, notamment via des partenariats innovants avec les fonds souverains, la finance verte et les mécanismes de garantie.
  • Réaffirmer l’indépendance stratégique de la BAD, en la protégeant d’influences politiques extérieures tout en maintenant sa crédibilité auprès des bailleurs internationaux.

Un tournant pour l’Afrique francophone ?

L’élection d’un Mauritanien à la tête de la BAD n’est pas anodine : elle pourrait repositionner les pays francophones dans les grandes orientations stratégiques du continent. Longtemps sous-représentés dans les institutions financières panafricaines, ils voient désormais l’un des leurs porter la voix de toute l’Afrique.

Conclusion : entre continuité et renouveau

L’arrivée de Sidi Ould Tah à la tête de la BAD ouvre une nouvelle phase d’équilibre entre stabilité institutionnelle et réinvention stratégique. Son succès dépendra de sa capacité à préserver l’héritage d’Adesina tout en proposant une vision claire pour les prochaines décennies : une BAD résiliente, innovante et véritable moteur de l’intégration et du développement africains.

Xolomo Tokpa

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