Le gouvernorat de la ville de Conakry, sous l’impulsion du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, a récemment lancé une initiative visant à échanger des sacs de riz contre des déchets plastiques. Présentée comme une action en faveur de la protection de l’environnement, cette opération suscite cependant une vive polémique dans la capitale.
Interrogé sur le sujet ce jeudi 15 mai, Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président du parti politiue UDRP et figure publique guinéenne, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer cette mesure, qu’il juge inappropriée et attentatoire à la dignité des citoyens.
« Je crois que cette méthode n’est ni viable, ni pérenne. Au lieu de distribuer du riz en échange de déchets, il aurait été plus judicieux d’inciter les citoyens à créer de petites entreprises dans chaque quartier, secteur ou commune, afin qu’ils soient rémunérés pour ce travail. Partout où vous proposez une rémunération, vous motivez les gens — sans les rattacher à l’État pour recevoir du riz. Ce riz, ils peuvent l’acheter eux-mêmes. Il faut leur donner la possibilité de gagner de l’argent et de choisir ce qu’ils veulent acheter. Ce système est mal pensé. C’est presque une forme d’humiliation. Ramasser des ordures pour recevoir un sac de riz ? Et qui vous dit que les gens ont besoin de riz ? Peut-être qu’ils ont besoin d’autre chose !« , s’est-il insurgé.
Dr Zotomou va plus loin, qualifiant la démarche des autorités d’inopportune et contre-productive :
« À mon avis, cette stratégie n’aurait jamais dû voir le jour. Le CNRD avait déjà instauré des journées de salubrité mensuelles, durant lesquelles les citoyens sont appelés à nettoyer les caniveaux. La propreté, c’est une valeur qu’on doit inculquer, pas troquer contre du riz. Si cette méthode ne fonctionne pas, c’est simplement qu’elle est mal conçue. Il faut plutôt faire appel à des entreprises bien rémunérées, bien équipées, et qui embauchent des jeunes pour mener à bien ce type de travaux.«
Pour rappel, en septembre 2024, le gouvernement guinéen avait adopté un décret interdisant la production et la commercialisation des plastiques à usage unique. Huit mois plus tard, aucune action concrète n’a été observée sur le terrain. Au contraire, la prolifération des plastiques semble s’accentuer dans plusieurs villes du pays.
Facinet Soumah