Un groupe de 49 Sud-Africains blancs, principalement des Afrikaners, a quitté l’Afrique du Sud ce dimanche à bord d’un vol charter privé à destination des États-Unis, après avoir obtenu le statut de réfugié politique offert par l’administration de Donald Trump. Cette réinstallation marque la première phase d’un programme lancé en février visant à accueillir certains Sud-Africains blancs accusant leur gouvernement de discrimination raciale.
Selon Collen Msibi, porte-parole du ministère sud-africain des Transports, l’avion a quitté l’aéroport international OR Tambo de Johannesburg dimanche soir. L’arrivée du groupe est prévue à l’aéroport international de Dulles, près de Washington, dans la matinée de lundi, heure locale.
Le groupe est composé de familles, dont de jeunes enfants, tous issus de la communauté afrikaner, une minorité blanche descendante principalement de colons néerlandais, historiquement associée à l’apartheid mais désormais numériquement et politiquement marginalisée dans l’Afrique du Sud post-apartheid.
Le décret présidentiel à l’origine de cette initiative a été signé le 7 février 2025 par Donald Trump. Dans ce texte, il accuse le gouvernement sud-africain à majorité noire de perpétrer des politiques discriminatoires à l’égard de la minorité blanche, notamment en matière de redistribution foncière, d’accès à l’emploi public et de sécurité dans les zones rurales.
« L’administration américaine reconnaît les souffrances subies par certains groupes en Afrique du Sud et s’engage à offrir une protection aux personnes confrontées à des persécutions raciales », peut-on lire dans le décret.
La décision a provoqué une vague de critiques tant en Afrique du Sud qu’au sein de la communauté internationale. Le gouvernement sud-africain a fermement rejeté les accusations de persécution, qualifiant la mesure américaine de « manipulation idéologique d’un débat interne complexe sur la justice historique ». Plusieurs experts soulignent que, si la criminalité rurale est une réalité, elle touche indistinctement toutes les communautés.
Ce programme de réinstallation s’inscrit dans une série d’initiatives controversées de Donald Trump sur la question migratoire, qui, dans ce cas précis, rompt avec sa ligne habituelle en ciblant un groupe minoritaire blanc et chrétien pour une protection humanitaire.
Pour les Afrikaners concernés, ce départ représente un nouveau départ dans un pays qu’ils perçoivent comme plus sûr et plus stable. Néanmoins, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une politisation des principes du droit d’asile, traditionnellement utilisés pour protéger des populations persécutées sur la base de leur opposition à des régimes autoritaires ou de leur appartenance ethnique minoritaire dans des contextes de guerre ou de dictature.
Alors que d’autres départs sont annoncés pour les semaines à venir, cette relocalisation soulève des questions complexes sur la définition du statut de réfugié, l’héritage racial de l’Afrique du Sud, et l’instrumentalisation politique de la migration par les grandes puissances.
Xolomo Tokpa