Le mouvement politique Agissons pour la Guinée (APG), en quête de reconnaissance légale depuis janvier dernier, est sorti de son silence ce mardi à travers une conférence animée par son président de l’organe provisoire de gestion, Ibrahima Kalil Diallo. Face à un parterre de journalistes, il a dénoncé le « silence volontaire » de l’administration quant à la demande d’autorisation déposée il y a plus de six mois, tout en annonçant une saisine prochaine de la justice.
D’entrée de jeu, Ibrahima Kalil Diallo a rappelé que la création de l’APG est une démarche citoyenne, née « non pas d’une ambition personnelle, mais de l’amour de la Guinée ». Pour lui, le refus tacite de l’État d’accorder ou de rejeter l’autorisation demandée « traduit une volonté manifeste d’écarter une alternative citoyenne du débat politique ».
« Demander l’autorisation d’exister politiquement n’est pas une faveur. C’est un droit garanti par nos lois, et nous voulons que ce droit soit respecté », a-t-il martelé.
Sur le projet de nouvelle Constitution, le président de l’APG a affirmé que son mouvement ne donnera aucune consigne de vote lors du référendum du 21 septembre.
« Nous respectons le droit de chaque citoyen de voter selon sa conscience, mais nous refusons de cautionner un processus qui ne répond pas aux aspirations profondes de notre peuple », a-t-il déclaré.
L’APG a présenté sept raisons majeures justifiant cette position :
1. La durée du mandat présidentiel, prolongée à sept ans renouvelables une fois, qu’il juge comme un « recul historique ».
2. L’immunité des anciens chefs d’État, perçue comme une entrave à l’État de droit.
3. La question de la double nationalité, qui soulève selon lui des doutes sur la loyauté envers la nation.
4. La création d’un Sénat, qualifié d’institution « antidémocratique et budgétivore ».
5. La suppression des débats télévisés entre candidats, considérée comme une atteinte à la transparence démocratique.
6. L’exclusion de la jeunesse avec une limite d’âge fixée à 40 ans pour briguer la magistrature suprême.
7. L’ineffectivité des droits fondamentaux promis, que le mouvement juge « utopiques et inadaptés » au contexte guinéen.
Tout en affirmant sa détermination à contribuer au débat national, Ibrahima Kalil Diallo a annoncé que l’APG suspendra temporairement ses prises de position publiques sur les questions de gouvernance.
« Ce n’est ni une démission, ni une peur. C’est un acte de prudence et de protection, pour nous-mêmes, pour nos familles et nos amis. Mais chaque fois que l’avenir de la Guinée sera en jeu, nous prendrons la parole », a-t-il précisé.
Le président de l’APG a replacé le scrutin du 21 septembre dans une perspective plus large :
« Le référendum ne doit être ni un plébiscite, ni un piège. Il doit être une chance : repenser notre République, réconcilier notre histoire avec notre avenir, redéfinir notre rapport au pouvoir », a-t-il exhorté, avant d’appeler à bâtir une Guinée fondée sur le respect, la justice et le progrès.
Facinet Soumah

