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mardi 20 mai 2025

Ratoma – Taouyah : Une cinquantaine de personnes expulsées de leur maison familiale dans une affaire foncière controversée

Une opération d’expulsion pour le moins brutale s’est déroulée dans la matinée du lundi 19 mai 2025 à Taouyah, dans la commune de Ratoma. Près de 50 membres de la famille Bangoura ont été contraints de quitter leur résidence familiale, suite à une décision d’éviction exécutée par la gendarmerie nationale, dans un contexte de litige foncier aux contours flous et hautement contestés.

Selon plusieurs témoins sur place, l’intervention s’est faite sans préavis. « Nous étions encore au lit quand une vingtaine de pick-up remplis de gendarmes ont envahi la cour. Ils nous ont simplement dit que la maison avait été vendue et qu’on devait partir », relate M’mah Bangoura, l’une des résidentes, encore sous le choc.

Une vente familiale décriée

À l’origine de cette expulsion, une vente immobilière litigieuse. Un certain Ousmane Camara, présenté comme un parent éloigné de la famille, aurait cédé le domaine à un tiers, prétendant que le terrain appartenait à sa défunte mère, elle-même issue de la lignée Bangoura. Des affirmations vigoureusement rejetées par les membres directs de la famille expulsée.

« Ce terrain est notre héritage ancestral. Ousmane Camara est certes de notre parenté, mais il n’a aucun droit sur cette concession. Il a déjà vendu les biens de son père et veut maintenant s’approprier ceux de notre branche », dénonce Djenab Bangoura.

Un contentieux ancien

Le conflit entre les deux parties ne date pas d’hier. En 2007 déjà, une procédure judiciaire avait opposé les protagonistes. « La justice avait tranché en notre faveur et condamné Ousmane Camara à une amende. On croyait le dossier clos », se souvient Alhassane Bangoura. « Mais ce matin, les forces de l’ordre sont intervenues sans consulter même le chef de quartier. Ils ont détruit les murs, arraché portes et fenêtres, et procédé à des arrestations. »

Des scènes de chaos et de désespoir

Sur les lieux, les stigmates de la violence sont visibles : des pans entiers de murs abattus, des effets personnels dispersés au sol, des matériaux de construction volés sous le regard impuissant des habitants. Dans la confusion, certains malfaiteurs ont profité du désordre pour piller la concession.

Parmi les personnes arrêtées figure un gendarme de profession, frère de M’mah Bangoura, venu de Siguiri rendre visite à sa famille. Sa détention ajoute à la détresse de cette dernière, qui lance un cri de détresse aux autorités :

« Nous supplions le président Mamadi Doumbouya d’intervenir. Nos enfants dorment dehors, nous sommes livrés à nous-mêmes. Je préfère mourir si nous ne retrouvons pas notre maison. Je n’ai plus la force de protéger mes enfants. »

Une prise de possession en cours

Au moment de notre passage, plusieurs ouvriers, encadrés par les gendarmes, étaient déjà en train de tracer les limites du terrain, ce qui laisse entendre une occupation imminente par le nouvel acquéreur.

En l’absence d’une réaction officielle des autorités locales ou judiciaires, la famille Bangoura est contrainte de passer la nuit sur le trottoir, devant ce qui fut autrefois leur foyer.

Facinet Soumah

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