La Guinée vient d’opérer l’une des réformes les plus structurantes de son histoire culturelle récente. Quatre textes législatifs, attendus depuis des années par les acteurs du secteur, ont été adoptés par le Conseil National de la Transition, le vendredi 31 octobre dernier. Ils redessinent profondément le paysage juridique des arts, des métiers du spectacle et du patrimoine immatériel.
Le premier texte, consacré à l’organisation des métiers du cinéma, établit enfin un cadre clair pour une filière longtemps livrée à elle-même. La profession est désormais reconnue, structurée, avec des droits et obligations qui couvrent la formation, la production, la distribution et la protection des œuvres.
La deuxième loi, dédiée à la protection et à la valorisation des instruments traditionnels de musique et de danse, marque un tournant dans la sauvegarde du patrimoine immatériel guinéen. Elle reconnaît ces instruments comme des biens culturels à part entière, impose leur préservation, encadre leur reproduction et prévoit des mécanismes de transmission.
La troisième loi, portant organisation des spectacles vivants, instaure un cadre moderne pour un écosystème en pleine expansion. Elle conditions techniques, sécurité, droits des artistes et des producteurs, normes professionnelles, obligations des organisateurs.
Enfin, la quatrième loi, très attendue, consacre le statut de l’artiste et des professionnels de la culture. Elle offre une reconnaissance juridique longtemps réclamée. Pour beaucoup d’artistes guinéens, c’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs décennies.
Si ces textes voient aujourd’hui le jour, c’est aussi grâce à une continuité institutionnelle rarement soulignée. L’ancien ministre Alpha Soumah “Bill De Sam”, initiateur de la démarche, avait posé les premières bases et engagé les consultations. L’actuel ministre de la Culture et de l’Artisanat, Moussa Moïse Sylla, lui, en a assuré la poursuite, la consolidation et la concrétisation. Deux étapes complémentaires d’un même chantier initié pour le bonheur de nombreux acteurs du secteur.
Avec cette réforme, la Guinée se dote enfin d’outils législatifs culturels.
Facinet Soumah

