Un scandale retentissant s’est invité devant le tribunal correctionnel de Dixinn, à Conakry, ce mercredi 4 juin 2025. Ousmane Camara, accusé de détournement présumé de 230 millions de francs guinéens et de six passeports, comparaissait pour des faits mêlant escroquerie, usurpation d’identité et abus de confiance.
L’affaire met en lumière un système frauduleux d’une redoutable efficacité, fondé sur de fausses promesses de voyage, des connexions politiques fictives et des manipulations psychologiques, qui a brisé l’espoir d’une grand-mère guinéenne déterminée à offrir un avenir meilleur à ses petits-enfants.
Le piège de l’illusion : 230 millions contre un avenir
Tout commence en avril 2024. Hadja Aminata Sylla, retraitée de 66 ans, envisage d’envoyer ses petits-enfants étudier au Canada et en France. Elle entre alors en contact avec Ousmane Camara, qui se présente comme proche du conseiller du Premier ministre et d’un haut cadre du ministère des Affaires étrangères. Gagnée par ses promesses, elle lui remet la somme colossale de 230 millions GNF ainsi que six passeports. « Chaque fois que je l’appelais, il trouvait un prétexte. Il refusait de me rendre l’argent, les passeports, et même les photocopies », a-t-elle témoigné à la barre, visiblement émue.
Un stratagème pour confondre l’escroc
Face à l’inaction de son interlocuteur, la plaignante met en place un stratagème : elle simule l’intérêt d’un tiers pour une parcelle appartenant à Ousmane Camara. Ce piège lui permet, avec l’aide de son fils militaire, d’organiser son arrestation.
Une fois interpellé et conduit à la gendarmerie, un proche de l’accusé promet le remboursement de 100 millions GNF en deux tranches. Mais selon la plaignante, cette promesse n’a jamais été honorée. « Sa famille a pris trois engagements de remboursement. Aucun n’a été respecté », a-t-elle déploré en larmes.
Un cri de détresse devant la justice
Brisée moralement et financièrement, Hadja Aminata Sylla lance un appel poignant à la justice : « Je suis malade, mon fils est malade. Je suis retraitée, je n’ai rien. Il me faisait croire qu’il parlait au nom de cadres de haut niveau. Il m’envoyait même des messages en se faisant passer pour eux », a-t-elle raconté avec désespoir.
Prochaine étape : verdict attendu le 18 juin
Après l’audition de la plaignante et la clôture des débats, le tribunal a renvoyé l’affaire au 18 juin 2025 pour les réquisitions du parquet et les plaidoiries de la défense. L’issue de ce procès est très attendue.
Un dossier symptomatique d’un mal plus profond
Au-delà de ce cas individuel, cette affaire met en lumière un phénomène plus vaste d’escroqueries basées sur l’usurpation d’identité et la manipulation de l’image des institutions de l’État. Elle souligne également la vulnérabilité de certaines franges de la population, notamment les personnes âgées, face à des délinquants utilisant sans vergogne la crédulité de leurs victimes.
La justice guinéenne est désormais face à une double responsabilité : sanctionner l’individu et adresser un signal fort contre toutes les formes d’escroquerie en col blanc.
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Facinet Soumah