Un séisme politique secoue la Côte d’Ivoire à moins de cinq mois de l’élection présidentielle de 2025. La Commission Électorale Indépendante (CEI) a publié ce mercredi la liste électorale définitive, marquant une rupture brutale pour une partie de l’opposition : quatre figures majeures en sont absentes. Ni Laurent Gbagbo, ni Tidjane Thiam, ni Guillaume Soro, ni Charles Blé Goudé ne pourront se présenter.
Une décision aux lourdes conséquences
L’exclusion de ces poids lourds de la scène politique nationale, bien que redoutée, provoque une onde de choc. Si pour certains, cette décision découle de procédures judiciaires en cours ou passées, pour d’autres, elle s’apparente à un verrouillage politique à peine voilé.
- Laurent Gbagbo, ancien président et fondateur du PPA-CI, demeure radié des listes électorales en raison de sa condamnation dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO » malgré son acquittement à la CPI.
- Guillaume Soro, ancien Premier ministre et chef de l’ex-rébellion, reste en exil avec plusieurs condamnations à son actif.
- Charles Blé Goudé, proche de Gbagbo et président du COJEP, continue de faire face à des restrictions judiciaires.
- Tidjane Thiam, récemment revenu sur la scène politique, voit sa candidature bloquée en raison de l’invalidation de son enrôlement électoral dans son fief.
Une présidentielle sans véritable opposition ?
Cette configuration électorale pose une question cruciale : la présidentielle de 2025 peut-elle encore être qualifiée de compétitive ? En l’absence des principales figures d’opposition, de nombreux observateurs redoutent un scrutin à sens unique. Le RHDP, parti au pouvoir, pourrait se retrouver face à des candidatures de second plan, vidant l’élection de sa substance démocratique.
Réactions en chaîne
Le PPA-CI, les partisans de Soro et du COJEP, ainsi que le parti dirigé par Tidjane Thiam, dénoncent unanimement une manœuvre orchestrée pour écarter toute alternance. Des appels à la mobilisation citoyenne commencent à émerger, et des recours sont envisagés, bien que les marges de manœuvre semblent minces à ce stade.
Et maintenant ?
À quelques mois du premier tour prévu pour octobre 2025, la Côte d’Ivoire entre dans une zone de turbulence politique. La question n’est plus seulement celle du choix entre plusieurs candidats, mais celle de la légitimité d’un scrutin vidé de ses challengers les plus redoutables.
Xolomo Tokpa