Les autorités ivoiriennes ont procédé à l’arrestation de Mamadou Awa Gassama, une figure influente du Conseil national de transition (CNT) malien, alors qu’il séjournait dans la capitale économique ivoirienne. Selon des sources sécuritaires, il est accusé d’outrage au chef de l’État ivoirien et d’incitation à la haine.
L’arrestation intervient dans un contexte diplomatique tendu entre Abidjan et Bamako, marqué par une série d’incidents diplomatiques récents.
Un passif encore douloureux : l’affaire des militaires ivoiriens détenus à Bamako
Cette nouvelle arrestation réveille le souvenir encore frais de l’incarcération, en 2022, de 49 militaires ivoiriens par les autorités maliennes de transition. Ces derniers les avaient qualifiés de « mercenaires » ou « terroristes », affirmant qu’ils étaient entrés au Mali sans autorisation légale. Cette crise diplomatique, très médiatisée, avait duré plusieurs mois, gelant les relations bilatérales entre les deux pays jusqu’à leur libération après des négociations diplomatiques intenses.
Ce que reproche Abidjan à Mamadou Awa Gassama
Selon plusieurs sources concordantes, Gassama aurait tenu des propos virulents à travers des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, s’attaquant directement au président ivoirien Alassane Ouattara, qu’il aurait accusé de « collusion avec l’Occident » contre les régimes souverainistes de la région.
Il lui est notamment reproché d’avoir appelé à « la mobilisation des peuples contre les élites politiques corrompues », des propos considérés comme une menace à l’ordre public et une provocation dans un contexte sécuritaire régional sensible.
Gassama aurait également été en contact avec certains groupes radicaux panafricanistes dont l’activisme inquiète les autorités à Abidjan.
Un nouvel épisode dans une guerre froide entre Bamako et Abidjan ?
Si le gouvernement malien n’a pas encore officiellement réagi à cette arrestation, plusieurs voix proches du CNT dénoncent une « arrestation politique sur commande », accusant la Côte d’Ivoire de servir les intérêts de puissances étrangères hostiles au Mali. L’affaire pourrait ainsi réactiver les tensions entre deux États qui, malgré une façade de normalisation, peinent à tourner la page des rancœurs passées.
Conclusion
L’arrestation de Mamadou Awa Gassama en Côte d’Ivoire pose une nouvelle fois la question des limites de la liberté d’expression et des ingérences politiques régionales. À quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire et dans un climat sous-régional tendu, cette affaire pourrait avoir des conséquences diplomatiques non négligeables.
Xolomo Tokpa
