À la veille de la célébration de l’indépendance guinéenne, une journée marquée de fierté et de patriotisme, la question de l’avancée réelle du pays sur le plan du développement et de la gouvernance reste posée.
Dans un entretien téléphonique accordé à la rédaction d’avenirguinee ce mercredi, le leader de l’UDRP, Dr Édouard Zotomou Pogomou, a livré son analyse. Pour lui, la Guinée vit une situation préoccupante malgré plus de six décennies de souveraineté.
« Nul ne pouvait penser qu’après soixante-sept années d’indépendance, la Guinée serait dans un état piteux. L’indépendance, c’est aussi une forme d’engagement que l’on prend pour pouvoir s’occuper des siens. Nous avons eu l’indépendance politique, mais elle n’a pas été suivie par une souveraineté économique. Nous dépendons encore de l’extérieur pour beaucoup de choses. Il y a des efforts pour être autosuffisants et satisfaire tous les besoins locaux, mais à ce stade, nous n’avons pas encore pu le faire ».
Selon lui, les principes de respect des normes, des droits humains et de la parole donnée sont bafoués en Guinée : « Et malheureusement, chaque fois que nous sommes sur la trajectoire pour y parvenir, il y a des turbulences politiques qui viennent désorienter ce que nous avons entrepris. En termes de respect des normes, des droits de l’homme, de la parole donnée, tout cela n’a aucune valeur morale pour nous. La Guinée a ouvert la voie, mais elle s’en est départie ».
Dr Pogomou estime que la Guinée, qui avait marqué l’histoire de plusieurs nations à travers son choix souverain en 1958, est aujourd’hui à la traîne, sous l’influence persistante de l’ancienne puissance coloniale.
« C’est une contradiction fondamentale, à mon avis. Les pionniers de la lutte pour l’indépendance de la Guinée, pour la plupart, ne sont plus avec nous et doivent être en train de se retourner dans leur tombe. La Guinée est intervenue dans un grand contexte historique. Et aujourd’hui, quand on voit que tous les délits et toutes les tares que nous avions essayé de corriger en acceptant de prendre notre indépendance et de compter sur nos propres forces, reviennent vraiment avec vengeance, c’est très regrettable. La France revient avec vengeance, parce qu’elle a été chassée de la Guinée comme une malpropre. C’est ça la réalité.
Et aujourd’hui, elle revient pour reprendre le relais, continuer à diriger, à prendre avantage – si je peux le dire ainsi – et se rattraper en un mot. Parce que cette même France, aujourd’hui, est dans tous les milieux, dans tous les projets. Qu’on le veuille ou non, elle passe par ces projets pour pouvoir s’enraciner davantage. Dans ces conditions, le concept même d’indépendance, pour moi, n’a aucun sens. Parce qu’on ne peut pas être indépendant pour ensuite revenir et être esclave »,
À noter qu’aucune célébration grandiose n’est prévue cette année pour la fête nationale.
Facinet Soumah


La faute à qui ?
Toi tu as fais quoi pour que les choses bougent 🥹