À seulement 13 ans, Kanyeyachukwu Tagbo-Okeke, jeune artiste nigérian atteint d’autisme, a accompli un exploit artistique et symbolique hors normes. Il a peint une fresque géante de 12 304 mètres carrés, représentant un ruban multicolore entouré d’emojis, symbole universel de l’autisme et des émotions humaines. Une surface colossale, bien plus grande qu’un terrain de football standard (7 140 m²), qui attire l’attention à la fois par son ampleur et par le message qu’elle véhicule.
Avec cet exploit, ce jeune prodige nigérian de 13 ans, Kanyeyachukwu Tagbo-Okeke, vient d’inscrire son nom dans l’histoire en battant ainsi un record Guinness du monde pour la plus grande peinture autistique au monde.
Ce projet artistique inédit, présenté récemment à Abuja, n’est pas qu’un simple exploit technique. Il incarne un cri du cœur visuel contre la stigmatisation des personnes vivant avec un trouble du spectre autistique (TSA) au Nigéria. À travers cette œuvre, Kanyeyachukwu – surnommé « Kanye the Artist » – souhaite mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes autistes, notamment le manque d’accès aux soins, à l’éducation spécialisée et à l’acceptation sociale.
« Je veux que le monde voie ce que nous pouvons faire. Je ne suis pas seulement autiste, je suis aussi un artiste », a-t-il confié à travers une communication assistée, lors d’un événement marquant la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.
Les emojis peints autour du ruban symbolisent la diversité des émotions humaines souvent difficiles à exprimer verbalement pour les personnes autistes. Le ruban multicolore, quant à lui, incarne la variété des expériences au sein du spectre autistique, tout comme la richesse des talents souvent invisibles chez ceux qui en sont atteints.
L’œuvre monumentale a également pour but d’attirer l’attention des décideurs politiques et du public sur la nécessité de renforcer les ressources médicales, éducatives et sociales pour les familles vivant avec l’autisme au Nigéria. Selon plusieurs ONG locales, les structures de diagnostic sont rares, les professionnels spécialisés peu nombreux, et les familles confrontées à l’autisme se retrouvent souvent isolées.
L’initiative de Kanyeyachukwu a été saluée par plusieurs figures publiques, artistes et responsables d’associations, qui y voient un acte de résilience et de plaidoyer puissant.
« Kanye nous montre que l’autisme n’est pas une barrière à la créativité. Au contraire, c’est une autre manière de voir et d’exprimer le monde », a déclaré une représentante de la Fondation nigériane pour l’inclusion.
Déjà lauréat de plusieurs prix artistiques nationaux, Kanyeyachukwu ambitionne d’exposer son œuvre à l’international et de faire du ruban géant un symbole de changement dans la lutte contre l’exclusion des personnes autistes en Afrique.
Avec cette fresque gigantesque, il ne se contente pas de peindre : il trace une voie, celle de la visibilité, de la dignité et de l’espoir pour des milliers d’enfants autistes au Nigéria et au-delà.
Xolomo Tokpa
