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lundi 15 décembre 2025

Massacre du 28 septembre : la CPI presse Conakry d’accélérer l’étape de l’appel.

La visite d’une délégation de la Cour pénale internationale (CPI) à Conakry, conduite par le procureur général adjoint Mame Mandiaye Niang, remet en lumière un dossier judiciaire qui continue de peser sur la conscience nationale : le procès du massacre du 28 septembre 2009. Reçus par le Premier ministre Bah Oury le 19 novembre, les émissaires de la CPI ont appelé les autorités guinéennes à donner une impulsion décisive à la procédure d’appel, encore en attente plus d’un an après le verdict historique de juillet 2024.

À l’issue de la rencontre, le ministre de la Justice, Yaya Kairaba Kaba, a rappelé que cet échange s’inscrivait dans le cadre du partenariat conclu entre la Guinée et le Bureau du Procureur de la CPI. Cet accord prévoit un suivi continu du traitement judiciaire des crimes commis lors des événements du stade du 28 septembre. Une manière, selon lui, d’assurer une transparence régulière et un accompagnement technique dans un dossier marqué par sa complexité.

De son côté, Mame Mandiaye Niang a salué « la qualité des discussions » tout en insistant sur la nécessité d’accélérer la cadence. Son message, direct, vise à rappeler que le dossier ne peut souffrir de nouveaux retards : les procédures nationales doivent progresser, tant pour finaliser l’appel dans l’affaire principale que pour ouvrir d’éventuels dossiers connexes encore en suspens.

Pour la CPI, ces étapes sont déterminantes. « Mener ces procédures à leur terme est essentiel non seulement pour les victimes et le peuple de Guinée, mais aussi pour la communauté internationale, qui continue d’observer ce processus comme un exemple de justice nationale face à des crimes internationaux », a affirmé M. Niang. Il a également rappelé la responsabilité partagée entre les institutions nationales et les partenaires internationaux pour garantir que la vérité soit établie sur les crimes graves commis il y a désormais seize ans.

Cette visite intervient dans un contexte judiciaire marqué par le verdict très attendu de juillet 2024. Le tribunal, sous la présidence du juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, avait prononcé de lourdes peines contre plusieurs hauts responsables militaires, dont l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, Aboubacar Sidiki « Toumba » Diakité, Claude Pivi et d’autres co-accusés. Tous étaient poursuivis pour meurtres, viols, tortures et disparitions forcées.

Une décision venue clore une première étape, mais loin de mettre un terme aux attentes des victimes.

L’un des points sensibles reste la situation de Moussa Dadis Camara, qui a bénéficié d’une grâce présidentielle et réside depuis plusieurs mois au Maroc. Une démarche politique qui avait suscité de vives interrogations parmi les parties civiles et les défenseurs des droits humains, et qui s’invite désormais en toile de fond des discussions autour de la procédure d’appel.

En appelant à « prendre toutes les mesures nécessaires » pour garantir la suite du processus, la CPI rappelle que l’enjeu dépasse les strictes dimensions judiciaires. Il s’agit de maintenir la crédibilité d’un procès considéré comme un test majeur pour la justice guinéenne, autant qu’un signal envoyé aux victimes qui attendent, depuis 2009, la conclusion définitive de ce dossier emblématique.

Les autorités guinéennes assurent de leur engagement à poursuivre le travail entamé. La balle reste désormais dans le camp des institutions nationales, sous le regard attentif de La Haye, et d’une opinion publique qui n’a pas oublié.

Facinet Soumah

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