Accusé depuis plusieurs semaines d’avoir vendu l’espace servant de marché à Cosa, le président de la Délégation spéciale de Lambanyi a animé un point de presse à Conakry, au siège de cette nouvelle commune. Fafa M’Bira Mané a expliqué les raisons du bail de ce marché, qui peine encore à générer une véritable rentabilité pour la municipalité.
Dans sa communication, il a retracé l’historique de cette affaire, précisant que le bail remonte à une époque où les communes n’étaient pas encore divisées comme elles le sont aujourd’hui et où ce marché était géré par la commune de Ratoma.
« Ce marché a été mis en bail au moins un an avant mon arrivée à la tête de la Délégation spéciale de Lambanyi », a-t-il précisé.
Il a poursuivi en ces termes :
<Ce qui a conduit à ce bail, comme dans d’autres marchés, c’est le manque de recettes. L’État met à disposition la terre, mais lorsque les occupants refusent de payer la commune, il faut trouver une autre solution. La décentralisation est flexible, et la loi autorise une collectivité à céder l’exploitation d’un marché à un investisseur si la gestion municipale ne fonctionne pas. Si cela ne marche pas, on attribue le marché à un seul investisseur qui versera un montant convenu à la commune. Cela permettra à la municipalité de payer certains fonctionnaires contractuels qu’elle a recrutés>
Au moment où la commune aurait dû générer une recette mensuelle de 33 millions de francs guinéens, les revenus ont considérablement chuté. Face à cette situation, la mise en bail du marché à un investisseur privé est apparue comme la meilleure option. Fafa M’Bira Mané a expliqué qu’avec ce nouveau contrat, la mairie pourrait percevoir des recettes mensuelles de 70 millions de francs guinéens, voire 85 millions après un avenant discuté entre les conseillers municipaux, les techniciens, le preneur et ses avocats.
« Si ce bail est acté, nous avons déjà négocié un avenant en concertation avec les techniciens, les conseillers municipaux, le preneur et ses avocats. Nous pourrions alors percevoir 85 millions de francs guinéens par mois. De plus, le marché sera modernisé, et le bailleur investira 65 milliards de francs guinéens pour sa rénovation. Nous avons souhaité moderniser ce marché afin d’éviter des situations comme celles du marché de Kiroty, où nous avons découvert que certaines boutiques étaient transformées en chambres, avec des jeunes filles mineures de 15 ans y vivant. Si le marché de Cosa est modernisé, il n’y aura plus de chambres de passage, mais bien des supermarchés et autres infrastructures commerciales proposées par le bailleur. »
Par ailleurs, il a précisé la nature de cette collaboration avec l’investisseur tout en déplorant la durée du bail fixée à 60 ans.
« Un bail se calcule en fonction de la superficie du marché et du coût des infrastructures à réaliser. Malheureusement, nous avons hérité d’un contrat de 60 ans, ce qui est excessif. Si j’avais été à la place de l’équipe sortante, je n’aurais jamais signé un tel engagement. Normalement, un maire élu pour cinq ans peut signer un bail allant jusqu’à 10 ou 15 ans maximum, mais pas au-delà. » s’est-il lamenté.
Facinet Soumah