Le 12 mai 2025, une tragédie a secoué le village de Diafarabé, situé dans la région de Mopti au centre du Mali. Ce jour-là, 27 hommes, principalement issus de la communauté peule, ont été arrêtés par des individus en tenue militaire lors du marché hebdomadaire. Selon les témoignages recueillis, ces hommes ont été emmenés de force, et depuis, leurs familles étaient sans nouvelles.
Trois jours plus tard, le 15 mai, certaines familles ont été autorisées à se rendre sur les lieux où les détenus auraient été conduits. Sous la condition stricte de ne pas emporter de téléphones portables, elles ont découvert avec horreur des fosses communes contenant une vingtaine de corps mutilés, égorgés et en état de décomposition avancée. Ces exécutions sommaires, sans procès ni justification, ont profondément choqué la communauté locale.
En réaction, des manifestations ont éclaté les 13 et 14 mai, rassemblant une centaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, devant la mairie de Diafarabé. Les manifestants ont exprimé leur colère et leur indignation face à ces actes, dénonçant une stigmatisation systématique de la communauté peule, souvent associée à tort aux groupes jihadistes actifs dans la région.
L’armée malienne a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ces événements. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer l’absence de transparence et de résultats concrets des enquêtes précédentes concernant des exactions similaires. Cette situation renforce le sentiment de méfiance et d’insécurité parmi les populations locales, qui se sentent abandonnées et menacées par ceux-là mêmes censés les protéger.
Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de tensions et de violences au Mali, où les forces armées sont régulièrement accusées de violations des droits de l’homme, notamment à l’encontre des communautés peules. La région de Mopti, en particulier, est le théâtre d’affrontements entre l’armée, les groupes armés et les milices locales, exacerbant les divisions ethniques et compromettant les efforts de paix et de réconciliation.
Face à cette situation, les organisations de défense des droits de l’homme appellent à une enquête indépendante et impartiale, ainsi qu’à des mesures concrètes pour protéger les civils et restaurer la confiance entre les forces de sécurité et les populations locales.
Xolomo Tokpa