Au Mali, les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affiliés à al-Qaïda, continuent de renforcer leur emprise sur le pays. Vendredi 17 octobre, plusieurs dizaines de camions-citernes ont été incendiés dans la région de Sikasso, non loin de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Cette nouvelle attaque s’inscrit dans une stratégie de terreur visant à contrôler les routes et à imposer leurs propres règles aux voyageurs maliens.
Une attaque coordonnée près de la frontière ivoirienne
Le convoi, venu de Côte d’Ivoire, a été pris pour cible entre Kolondiéba et Kadiana par des combattants jihadistes circulant à moto. Malgré une escorte militaire, près de cinquante camions ont été détruits, selon les images de propagande diffusées par le Jnim.
Aucune communication officielle n’a encore été faite par les autorités de transition ni par l’armée malienne sur le nombre de victimes.
Cette attaque intervient quelques jours seulement après une autre embuscade sur le même tronçon routier, accentuant la pénurie de carburant qui touche désormais Bamako et plusieurs régions du sud du pays.
Des otages présentés dans de nouvelles vidéos
Le Jnim a également diffusé des vidéos montrant trois otages :
- Siaka Dembélé, président du conseil régional de Ségou, enlevé le 3 octobre ;
- Deux soldats maliens, capturés le 9 octobre dans la région de Tombouctou.
Dans ces images datées du 15 octobre, les otages affirment être bien traités et appellent à leur libération — des propos tenus sous contrainte. Cette communication s’inscrit dans une stratégie de pression visant le gouvernement malien et ses partenaires régionaux.
Levée partielle du blocus contre Diarra Transport
Dans un communiqué distinct, le Jnim a annoncé la levée de l’interdiction visant la société Diarra Transport, accusée de collaboration avec les autorités de transition.
Selon des sources proches des négociations avec le Jnim, cette décision n’aurait pas impliqué de versement financier, mais s’accompagne de conditions strictes désormais imposées à tous les voyageurs.
Le port du voile devient obligatoire pour les femmes
Parmi les nouvelles règles édictées par le groupe jihadiste :
- Le port du voile obligatoire pour toutes les femmes empruntant les transports publics.
- L’interdiction formelle de toute collaboration avec les forces maliennes, notamment dans les gares routières.
- En cas d’accident, l’obligation de dédommager la victime, qu’il s’agisse d’un véhicule ou d’un animal blessé.
Ces exigences traduisent la volonté du Jnim d’imposer progressivement sa vision rigoriste de la charia sur le territoire malien, notamment dans les zones rurales où l’État est peu présent.
Une mainmise inquiétante sur les routes maliennes
« Le Jnim agit comme s’il gouvernait le pays », déplore un observateur local. L’absence de réaction officielle renforce l’idée que le groupe jihadiste consolide son autorité sur les routes, alors que les autorités de transition appellent toujours la population à la résilience face à « un ennemi aux abois ».
Mais pour de nombreux Maliens, et surtout pour les femmes contraintes de se voiler pour voyager, la question demeure : ont-ils encore le choix ?
Source : RFI.fr
Facinet Soumah

