Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées lors des récentes manifestations à Madagascar, selon l’ONU. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk s’est dit « choqué par la réponse violente » des forces de sécurité. Face à la crise, le président malgache a annoncé le renvoi de son Premier ministre et de son gouvernement.
Les manifestations qui secouent Madagascar depuis plusieurs jours ont pris une tournure dramatique. Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, au moins 22 personnes ont perdu la vie et plus d’une centaine ont été blessées lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU, a fermement condamné « l’usage excessif de la force » et a appelé les autorités malgaches à « respecter les droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».
Le mouvement de contestation est né d’un mécontentement social et politique grandissant. Les manifestants dénoncent la gouvernance actuelle, marquée par des difficultés économiques, une inflation persistante et des accusations de corruption. La réponse violente des forces de l’ordre n’a fait qu’amplifier la colère de la population.
Dans un geste fort destiné à calmer les tensions, le président malgache a annoncé, le lundi 29 septembre, le renvoi de son gouvernement, y compris du Premier ministre Christian Ntsay. Ce dernier, en poste depuis juin 2018, avait déjà traversé plusieurs crises politiques et sociales. Technocrate de formation et ancien représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Christian Ntsay avait été nommé pour incarner une certaine neutralité politique. Mais son maintien à la tête du gouvernement devenait de plus en plus contesté par l’opposition et une partie de la société civile.
Le départ du Premier ministre illustre la gravité de la situation et la volonté du président de montrer qu’il prend en compte la colère populaire. Cependant, de nombreux observateurs estiment que ce remaniement ne suffira pas à apaiser durablement la crise sans réformes politiques et institutionnelles en profondeur.
L’ONU et plusieurs organisations internationales appellent les autorités à instaurer un dialogue inclusif et à mettre fin aux violences. « La confiance entre les citoyens et leurs institutions est gravement ébranlée », a insisté Volker Türk, exhortant le gouvernement à garantir la sécurité de la population tout en respectant les normes internationales des droits humains.
Xolomo Tokpa

