Cent jours après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a profondément transformé les institutions américaines, tant sur le plan intérieur qu’international. Son second mandat, entamé le 20 janvier 2025, se distingue par une utilisation sans précédent du pouvoir exécutif, une politique migratoire ultra-rigide, une guerre commerciale mondiale et une remise en cause des équilibres démocratiques.
Un pouvoir exécutif sans précédent
Dès son investiture, Trump a signé 143 décrets présidentiels en 100 jours, un record historique surpassant celui de Franklin D. Roosevelt. Ces mesures ont notamment annulé plus de 100 décisions de son prédécesseur Joe Biden, touchant des domaines tels que l’environnement, la santé publique, l’immigration et les droits civiques. Plusieurs de ces décrets ont été contestés en justice, avec plus de 220 recours déposés à travers le pays.
Parmi les initiatives les plus controversées figure la création du « Department of Government Efficiency » (DOGE), dirigé par Elon Musk, chargé de réduire les dépenses fédérales. Cette entité a supervisé des licenciements massifs dans la fonction publique et la suppression de plusieurs agences, suscitant des critiques sur une dérive autoritaire du pouvoir exécutif.
Une politique migratoire radicale
L’immigration a été au cœur des priorités de Trump. Il a signé le Laken Riley Act, obligeant les autorités à détenir les immigrés en situation irrégulière accusés de certains crimes. Il a également tenté de mettre fin au droit du sol pour les enfants d’immigrés sans papiers, une mesure actuellement suspendue par la Cour suprême.
Le président a ordonné l’expansion du centre de détention de Guantanamo pour accueillir jusqu’à 30 000 migrants « prioritaires ». Des déportations massives ont été effectuées, notamment de membres présumés de gangs vénézuéliens, malgré des décisions judiciaires contraires.
Une économie sous tension
Sur le plan économique, Trump a lancé une guerre commerciale en imposant des droits de douane de 10 % à 30 % sur les importations de pays comme la Chine, le Canada et l’Union européenne. Ces mesures ont provoqué une chute de 7,3 % du S&P 500, l’une des pires performances boursières en début de mandat depuis 1973.
Malgré la création de 345 000 emplois, principalement dans le secteur privé, les économistes alertent sur une possible récession due à l’instabilité des marchés et à la baisse de la confiance des consommateurs.
Une politique étrangère déstabilisante
Trump a bouleversé les alliances traditionnelles des États-Unis. Il a retiré le pays de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Accord de Paris sur le climat, tout en imposant des tarifs douaniers à ses alliés européens. Il a également proposé des mesures controversées, telles que l’annexion de territoires étrangers et la création d’une zone économique spéciale à Gaza.
En Ukraine, l’administration Trump a suspendu temporairement l’aide militaire, exigeant en échange des concessions économiques, avant de la reprendre après des négociations tendues.
Une démocratie fragilisée
Les actions de Trump ont suscité des inquiétudes quant à l’état de la démocratie américaine. Il a gracié environ 1 500 personnes condamnées pour leur participation à l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, dont des membres des Proud Boys et des Oath Keepers . Il a également attaqué les médias, les universités et les institutions judiciaires, remettant en cause les contre-pouvoirs essentiels au fonctionnement démocratique.
Sa popularité est en baisse, avec un taux d’approbation de 39 %, le plus bas pour un président américain à ce stade de son mandat depuis des décennies.
Conclusion
Les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump ont été marqués par des décisions radicales et controversées, redéfinissant profondément la politique intérieure et extérieure des États-Unis. Alors que ses partisans saluent une action déterminée, ses détracteurs dénoncent une dérive autoritaire menaçant les fondements démocratiques du pays. L’avenir dira si ces transformations auront des effets durables ou si elles seront remises en cause par les contre-pouvoirs institutionnels et la société civile.
Xolomo Tokpa
