Cette décision fracassante est intervenue ce samedi 7 juin 2025, à l’issue du 26e sommet ordinaire de l’organisation, tenu à Malabo, en Guinée équatoriale.
Dans un communiqué publié par le ministère rwandais des Affaires étrangères, Kigali explique avoir été empêché d’accéder à la présidence tournante de l’organisation, une fonction que le pays était censé assurer conformément au mécanisme de rotation établi. À la place, les chefs d’État présents ont décidé de prolonger d’une année supplémentaire le mandat du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. « La Conférence a différé à un autre moment le passage de la présidence en exercice tournante de la communauté à la République du Rwanda », stipule le communiqué final du sommet.
⚠️ Kigali dénonce une instrumentalisation de la CEEAC
Le Rwanda accuse ouvertement la République démocratique du Congo (RDC) d’avoir manipulé le processus décisionnel au sein de la CEEAC, avec l’appui tacite de certains États membres. Kigali évoque une instrumentalisation politique de l’organisation régionale, dans un contexte de tensions croissantes avec Kinshasa, notamment sur la question de la sécurité à l’Est de la RDC et le soutien présumé du Rwanda au M23. « Nous déplorons une dérive institutionnelle où des considérations politiques l’emportent sur l’esprit d’intégration régionale », a déclaré un diplomate rwandais sous couvert d’anonymat.
🤝 Une fracture au cœur de la sous-région
Créée pour favoriser l’intégration économique et politique des États d’Afrique centrale, la CEEAC traverse depuis quelques années une période de crise de légitimité, avec des tensions internes et des rivalités géopolitiques croissantes.
Le retrait du Rwanda, pays influent et en pleine croissance économique, pourrait affaiblir davantage la cohésion régionale. Il s’ajoute aux divergences récurrentes entre pays membres sur les dossiers de sécurité, de gouvernance et de leadership institutionnel.
🧭 Quelle suite pour Kigali ?
Pour l’heure, le Rwanda n’a pas précisé s’il s’agissait d’un retrait définitif ou d’une suspension de sa participation aux instances de la CEEAC. Toutefois, la fermeté du ton adopté par Kigali laisse présager une rupture durable.
Des analystes évoquent déjà un repositionnement stratégique du Rwanda vers d’autres blocs régionaux comme la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) ou la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Xolomo Tokpa
