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jeudi 8 mai 2025

Le Mali sous tension : suspension des partis politiques par les militaires

Bamako, 7 mai 2025 — Les autorités militaires maliennes ont annoncé, lundi soir, la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre de toutes les activités des partis politiques et associations à caractère politique, invoquant des « raisons d’ordre public ». Ce nouveau durcissement du régime intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la junte au pouvoir et les forces politiques appelant à la fin de la transition militaire.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le gouvernement de transition dirigé par Assimi Goïta a déclaré que cette mesure visait à préserver la paix sociale et l’unité nationale. « Il a été constaté que les activités de certains partis et associations politiques sont de nature à perturber la cohésion sociale et à compromettre la stabilité », a précisé le porte-parole du gouvernement.

Une opposition de plus en plus organisée

Cette décision survient alors qu’une nouvelle coalition de partis d’opposition, d’acteurs de la société civile et d’anciens responsables politiques, récemment formée à Bamako, appelle à une mobilisation nationale en faveur du retour à l’ordre constitutionnel et de l’organisation d’élections transparentes. La coalition réclame la fin de la transition militaire qui s’éternise depuis le coup d’État d’août 2020, suivi d’un second en mai 2021.

Les opposants dénoncent une confiscation du pouvoir par la junte, qui ne cesse de repousser les échéances électorales initialement promises. Selon les leaders de cette nouvelle plateforme, les autorités de transition manquent de volonté politique pour restituer le pouvoir au peuple malien.

Un climat de répression politique

Depuis plusieurs mois, les tensions s’intensifient dans la capitale malienne. Des manifestations pacifiques ont été dispersées par les forces de sécurité, et des opposants ont été convoqués ou arrêtés. La récente décision de la junte de dissoudre les partis politiques a été perçue comme une tentative de museler toute forme de contestation organisée.

Les organisations de défense des droits humains, tant au Mali qu’à l’étranger, s’alarment d’un recul des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’association. Amnesty International a qualifié cette suspension de « violation grave du droit des citoyens à participer à la vie politique de leur pays ».

Une transition dans l’impasse

Officiellement, la transition devait aboutir à un retour à un régime civil en 2024. Toutefois, aucune date électorale crédible n’a été annoncée à ce jour. Au contraire, la junte semble vouloir consolider son pouvoir, comme en témoigne l’adoption récente d’un projet de loi controversé qui ouvrirait la voie à la désignation directe du chef de l’État sans élections.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres partenaires internationaux continuent de réclamer un calendrier clair de transition, sans succès. La rupture de confiance entre les militaires et une partie importante de la population malienne devient de plus en plus manifeste.

Xolomo Tokpa

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