L’éducation franco-arabe en Guinée est confrontée à une nouvelle crise majeure, illustrant les défis structurels du système. À Kindia, au Lycée Franco-arabe et Collège Tierno Djibia, la pénurie chronique de fonctionnaires enseignants a engendré une situation alarmante : les élèves sont contraints de financer eux-mêmes leurs cours. Ce système de financement parallèle est une conséquence directe du faible niveau d’affectation de personnel rémunéré par l’État dans ce secteur éducatif spécifique.
Pour pallier l’absence de professeurs de l’État, une situation qui perturbe gravement le déroulement normal de l’année scolaire, les élèves, notamment ceux des classes d’examen, sont appelés à verser une contribution financière mensuelle s’élevant à 70 000 GNF. Ces sommes servent directement à rémunérer les enseignants contractuels ou bénévoles qui assurent la survie des cours. Cette pratique met une pression financière indue sur les parents et menace le principe constitutionnel de la gratuité de l’éducation publique.
Plus grave encore, ce dispositif précaire impose des horaires intenables. Les élèves sont obligés de rester à l’école de 8h à 22h, avec des cours essentiels ne débutant qu’à 18h. Dans une ville en proie à l’insécurité, l’obligation pour des élèves, parfois très jeunes, de quitter l’établissement à une heure aussi tardive constitue un risque sécuritaire inacceptable.
Bien que souvent tolérée localement comme une solution de survie pour maintenir un semblant d’enseignement, cette pratique révèle les failles profondes du système éducatif guinéen, particulièrement dans le secteur franco-arabe. En monnayant l’accès au savoir, elle crée une barrière insurmontable pour les familles les plus démunies, transformant le droit fondamental à l’éducation en un privilège pécuniaire.
Face à cette situation devenue insupportable, les responsables d’établissement, les parents et les élèves de Kindia lancent un appel pressant aux autorités. Ils sollicitent l’intervention urgente de l’État pour doter immédiatement le Lycée Tierno Djibia de personnel qualifié et rémunéré, afin de mettre fin à ce scandale qui fragilise l’avenir de toute une jeunesse.
Facinet Soumah

