En réponse aux déclarations du Premier ministre Amadou Oury Bah sur le régionalisme, Sory Sanoh, cadre du RPG Arc-en-ciel et ancien préfet de Kankan et de Kérouané sous Alpha Condé, est monté au créneau pour défendre l’ex-président.
Lors de sa récente sortie médiatique, le chef du gouvernement de transition a attribué la montée du régionalisme en Guinée au régime d’Alpha Condé. Une affirmation que réfute catégoriquement Sory Sanoh, qui estime que l’ancien président a toujours prôné l’unité nationale. « Il est faux de dire qu’Alpha Condé était régionaliste. C’est lui-même qui a déclaré devant tout le monde que la Guinée est une voiture à quatre roues, et que pour avancer, toutes les roues doivent fonctionner ensemble. Comment pourrait-il alors favoriser une seule région au détriment des autres ? Alpha Condé a toujours été nationaliste, il n’a jamais pratiqué le régionalisme. D’ailleurs, durant son mandat, il a misé sur les compétences des cadres de toutes les régions du pays. »
Un flou persistant sur le retour à l’ordre constitutionnel
Sory Sanoh s’est également exprimé sur la question du retour à l’ordre constitutionnel prévu en 2025, un engagement réaffirmé par le Premier ministre. Toutefois, pour cet ancien administrateur territorial, la confusion règne au sein même du gouvernement. « Nous sommes perplexes. D’un côté, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, affirme qu’aucune élection ne sera possible en 2025. De l’autre, le Premier ministre, qui est pourtant au-dessus de lui, annonce qu’un retour à l’ordre constitutionnel aura bel et bien lieu cette année. Qui devons-nous croire ? Nous restons attentifs. »
Il a aussi exprimé ses inquiétudes quant au processus électoral, notamment sur le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC), qui, selon lui, est suspendu à Kankan alors qu’il est censé servir de base pour l’établissement du fichier électoral.
La question d’une candidature de Mamady Doumbouya
Sur l’éventuelle candidature du président de la transition, Mamady Doumbouya, à la prochaine élection présidentielle, Sory Sanoh adopte une posture prudente. « Jusqu’à présent, Mamady Doumbouya lui-même n’a rien dit à ce sujet. Ce sont plutôt ceux qui l’entourent qui s’agitent et multiplient les campagnes de soutien en le désignant comme candidat. Mais s’il veut être impartial, il devrait mettre un terme à ces mouvements. En démocratie, c’est au peuple de choisir librement ses dirigeants. Or, lorsque le pouvoir en place affirme qu’il gagnera forcément toutes les élections – référendum, présidentielle et législatives –, ce n’est plus de la démocratie. »
Le retour à l’ordre constitutionnel en 2025 demeure donc une question sensible. L’annonce du Premier ministre contredit directement les propos du porte-parole du gouvernement, laissant planer le doute sur la réelle volonté des autorités de transition d’organiser des élections dans les délais promis.
Mohamed ALY