La cérémonie de lancement s’est tenue dans une ferveur sobre et solennelle, dans la salle d’audience historique ayant abrité le procès du massacre. Nombreux victimes ou leurs ayants droit étaient présents, aux côtés des membres du gouvernement et ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, garde des sceaux, Yaya Kairaba Kaba, accompagné de représentants de la présidence, des institutions judiciaires, également d’organisations de la société civile.
Le ministre Yaya Kairaba Kaba, prenant la parole dans la foulée, il s’est réjoui » un moment historique de réparation et de reconnaissance », qui traduit la volonté des autorités de transition de tourner la page de l’impunité et de rendre justice aux centaines de victimes de cette répression sanglante qui a eu lieu sous le régime transitoire de capitaine Moussa Dadis Camara.
» Il ne s’agit pas uniquement d’un geste financier, mais d’un acte de reconnaissance et de solidarité nationale envers les victimes d’un drame qui a profondément marqué notre conscience collective. Le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, s’est personnellement engagé pour que justice soit rendue et que réparation soit faite « . Déclare le ministre de la Justice.
Le montant global de 119.123. 815. 000 francs guinéens sera réparti en plusieurs tranches, selon des critères définis par une commission spéciale mise en place, en lien avec les organisations de victimes, les avocats et les services du ministère de la Justice. Cette enveloppe servira à indemniser les victimes directes, les ayants droit des personnes décédées, ainsi que celles ayant subi des violences sexuelles, des atteintes physiques ou des préjudices matériels causés.
Aux dires d’une source proche du dossier, plus de 600 victimes sont concernées par cette première vague d’indemnisation. Des dispositions ont été prises pour assurer la transparence, la traçabilité et l’équité dans le paiement des compensations des ces personnes concernées.
Pour les victimes présentes dans la salle, estiment que, ce geste marque le début d’une réparation tant attendue, mais n’efface pas la douleur vécue lors de ce drame. Nombre d’entre elles ont exprimé leur satisfaction, tout en invitant les autorités à la nécessité de poursuivre le combat pour la justice et la vérité en République de Guinée.
» C’est un pas important. Mais au-delà de l’argent, nous avons besoin de reconnaissance, de dignité, et que plus jamais un tel drame ne se reproduise dans notre pays « . A témoigné Mariama, rescapée du massacre, visiblement sous l’émoi.
Cette avancée significative dans le dossier des massacres du 28 septembre 2009, s’inscrit dans la continuité de ce procès historique ouvert en septembre 2022, qui a vu comparaître plusieurs hauts responsables militaires et civils accusés de crimes contre l’humanité. Une procédure judiciaire appréciée à l’international comme un symbole de rupture avec l’impunité qui a longtemps miné la justice du pays.
Par cette initiative, le Gouvernement de transition entend concrétiser ses engagements pris récemment envers les victimes, tout en posant les bases d’une justice réparatrice et inclusive. Le ministre de la Justice a fait savoir que, cette opération d’indemnisation n’est qu’un début, et que d’autres actions suivront, notamment dans le domaine de la réinsertion des victimes, de la prise en charge psychologique et de la réconciliation nationale.
Le massacre du 28 septembre 2009 dont la scène s’est déroulée au stade du même nom à Conakry, plus de 150 ont perdu leurs vies et des centaines de blessés, selon les enquêtes internationales. Il s’agit de l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire contemporaine de la Guinée.
Avec ce geste fort des autorités guinéennes tente de réparer une injustice longtemps restée sans réponse concrète, tout en envoyant un message clair : les victimes ne seront plus oubliées dans ce pays.
Facinet Soumah

