La mission de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC) en Guinée est claire : assainir la gestion publique, renforcer la transparence et poursuivre les auteurs de détournements. Mais depuis plusieurs semaines, c’est au sein même de l’agence que la corruption morale et les tensions semblent s’installer.
Des sources internes révèlent que les relations entre la direction générale et une large frange du personnel se sont considérablement dégradées. Accusations de favoritisme, intimidations, suspensions disciplinaires sans justification claire, blocage des carrières : les griefs s’accumulent.
Quelques heures après le début de la grève, un nouvel épisode est venu envenimer la crise : Dr Mohamed Bérété a déposé une plainte pour “séquestration” contre quatre de ses collaborateurs. D’après les informations obtenues par Africaguinee.com, le secrétaire exécutif aurait été empêché de quitter son bureau par des manifestants au plus fort de la mobilisation.
La plainte, adressée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), a conduit à l’audition de Dr Bérété et des quatre employés concernés dans les locaux de la DCPJ, situés à Manquepas (Kaloum). Cet épisode inédit illustre le niveau de tension atteint au sein de l’agence.
L’un des points les plus sensibles de la fronde concerne une somme de 4 milliards de francs guinéens, représentant 10 % des 40 milliards GNF reversés au Trésor public en 2023. Les agents demandent des comptes sur l’utilisation de cette part, qui selon eux, aurait dû être réinjectée dans le fonctionnement interne de l’agence.
Alors que la Guinée traverse une transition politique délicate et que les institutions sont appelées à renforcer leur crédibilité, cette crise tombe au plus mauvais moment. L’agence anti-corruption, censée être un pilier de la refondation, risque de perdre en légitimité, y compris auprès des partenaires internationaux.
Xolomo Tokpa

