Conakry, le 7 juillet 2025 – En grève depuis plusieurs semaines suite à l’enlèvement de Maître Mohamed Traoré, les avocats de Guinée ont décidé ce lundi de prolonger leur boycott des audiences et de toutes activités judiciaires pour deux semaines supplémentaires.
Réunis en Assemblée générale extraordinaire ce matin à la Cour d’appel de Conakry, les membres du Barreau ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le mouvement, initié pour exiger des garanties sur la sécurité des avocats dans l’exercice de leur fonction.
Une décision unanime du Barreau
Au terme de la réunion, Maître Moussa Diallo, porte-parole de l’Ordre des avocats, a déclaré :
« À l’issue de cette Assemblée générale extraordinaire, il a été décidé de prolonger la suspension de nos activités pour deux semaines supplémentaires. »
Il a rappelé que, lors de la précédente assemblée tenue le 30 juin, plusieurs résolutions avaient été adoptées, notamment :
- Le boycott de toutes les juridictions, y compris les commissariats de police et les brigades de gendarmerie ;
- Le dépôt d’une plainte au nom de Maître Mohamed Traoré ;
- La constitution de l’Ordre en partie civile dans cette affaire ;
- Le retrait de tous les représentants du Barreau des instances de la transition ;
- Le dépôt d’un mémorandum à remettre en main propre au Président de la République.
Des démarches restées sans réponse concrète
Depuis le lancement du mouvement, plusieurs tentatives de dialogue ont été initiées. Me Diallo explique :
« Nous avons sollicité une rencontre avec le ministre de la Justice et le procureur général près la Cour d’appel, mais ils ont refusé de nous recevoir. »
Il précise toutefois qu’une réunion s’est tenue ultérieurement à la Primature, en présence de plusieurs hautes autorités, dont le Premier ministre, le ministre secrétaire général de la Présidence, le ministre de la Justice, le Premier président de la Cour suprême et d’autres responsables du secteur judiciaire.
« Des échanges ont eu lieu, mais aucun accord concret n’a été obtenu sur nos revendications essentielles », regrette-t-il.
Une lutte pour l’intégrité de la profession
Me Moussa Diallo insiste sur le fait que ce combat dépasse le cas individuel de Me Traoré :
« Il ne s’agit pas d’un combat personnel. Ce que nous défendons, c’est la sécurité de l’avocat dans l’exercice de ses fonctions. Ce qui est arrivé à Me Traoré peut arriver à n’importe lequel d’entre nous. »
Le Barreau entend ainsi faire de cette mobilisation une étape clé pour la préservation de l’indépendance et de la dignité de la profession d’avocat en République de Guinée.
Facinet Soumah

