Le Bureau national du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) prend acte des récentes mesures adoptées par la Haute Autorité de la Communication (HAC) concernant les conditions d’accès aux sources d’information publique.
Parmi ces dispositions figure une note circulaire en date du 30 juin 2025, stipulant que « les Web TV et Web radios ainsi que tous les autres médias non autorisés n’ont pas droit d’accès aux manifestations publiques et aux autres événements officiels ».
Le Bureau national du SPPG comprend la volonté de la HAC d’assainir le paysage médiatique guinéen, une préoccupation partagée aussi bien par les instances dirigeantes du syndicat que par sa base.
Cependant, nous tenons à faire les observations suivantes :
- Au regard du rôle désormais incontournable joué par ces nouveaux médias dans le circuit de l’information, notamment auprès d’une population de plus en plus connectée ;
- En rappelant que la législation actuelle sur la presse en Guinée n’interdit pas formellement l’exercice des Web TV et Web radios, bien qu’elle les prenne insuffisamment en compte ;
- Sachant que l’existence de fait de ces médias numériques est aujourd’hui reconnue, y compris par l’État, qui a récemment lancé sa propre Web TV officielle, « Guinée Gouv » ;
- Notant que si les mesures de la HAC étaient appliquées de manière rigide, elles pourraient entraver l’élan novateur de la Direction de la Communication et de l’Information (DCI), laquelle diffuse désormais certaines cérémonies officielles en direct via la page Facebook de la Présidence de la République ;
- Considérant que ces restrictions vont à l’encontre des principes internationaux relatifs à la liberté de la presse, notamment ceux du pluralisme médiatique, de la diversité des sources d’information et de l’accès équitable aux contenus publics ;
- Enfin, en soulignant que certains animateurs de Web TV sont des journalistes professionnels, dont les organes de presse ont été suspendus depuis plus d’un an ;
Le SPPG formule les recommandations suivantes :
1. À la HAC :
a) Reconsidérer sa décision en privilégiant un cadre de concertation avec les responsables des Web TV et Web radios concernées, concertation que le SPPG est prêt à conduire ;
b) Différer l’entrée en vigueur de la décision du 26 juin 2025 interdisant l’accès aux manifestations publiques aux journalistes non détenteurs de la carte professionnelle, en tenant compte du fait que, selon la HAC elle-même, seule une centaine de dossiers sont actuellement en cours de traitement ;
2. Aux animateurs des Web médias :
Nous appelons ces professionnels – pour la plupart membres du SPPG – à s’organiser rapidement en collectif, afin de faciliter les échanges avec la HAC. L’objectif est notamment de distinguer les Web médias dirigés par des journalistes professionnels de ceux manipulés par des acteurs non qualifiés.
3. Aux autorités compétentes :
Nous les invitons à associer les acteurs du secteur des médias à l’élaboration et à la révision des textes de loi encadrant les médias numériques. Il est essentiel de clarifier leur statut juridique, les modalités d’enregistrement, et de garantir que les dispositions légales futures respectent les principes constitutionnels consacrés par les lois fondamentales successives, y compris par le projet de Constitution dont la lecture publique a débuté ce lundi à la télévision nationale.
Fait à Conakry, le 1er juillet 2025
Le Bureau National du SPPG

