Sous une pluie fine et une atmosphère empreinte de gravité, la nation guinéenne a rendu, ce vendredi, un dernier hommage aux victimes du glissement de terrain survenu dans la nuit du 20 au 21 août à Manéah, dans la préfecture de Coyah. Ce drame a causé de lourdes pertes : plusieurs morts, d’importants dégâts matériels, et neuf personnes toujours portées disparues.
Au cœur de cette cérémonie poignante, le Premier ministre Amadou Oury Bah, représentant le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, a pris la parole à l’école militaire pour transmettre un message de solidarité et de responsabilité. Face aux familles endeuillées, aux autorités locales, aux membres du gouvernement et du CNRD, il a déclaré
« Nous comprenons la douleur et la peine des familles qui n’ont pas encore retrouvé les leurs, qui sont au nombre de neuf. »
Bah Oury a tenu à souligner que cette tragédie ne constitue pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans une série de catastrophes naturelles ayant récemment frappé la Guinée de Conakry à Dubréka, en passant par Macenta, Siguiri et d’autres régions où inondations et glissements de terrain ont causé d’importants dommages et endeuillé de nombreuses familles.
« Toutes les victimes des inondations qui ont endeuillé notre pays cette année sont dans notre mémoire », a-t-il affirmé avec gravité.
Mais au-delà du deuil, le chef du gouvernement a lancé un appel pressant à une prise de conscience nationale. Il a insisté sur le lien direct entre l’ampleur des catastrophes et l’occupation anarchique des zones à risque
« L’occupation des zones d’habitation, nous devons ensemble repenser nos choix d’implantation », a-t-il martelé.
En guise de conclusion à son allocution, Bah Oury a voulu insuffler un message d’espoir et d’unité nationale, appelant à la résilience collective face aux défis climatiques :
« Que les âmes de nos disparus reposent en paix, que Dieu les accueille dans sa miséricorde infinie, et que la Guinée, unie dans la douleur, renforce ses capacités de résilience et trouve devant chaque tragédie la force de se relever. »
Cette cérémonie solennelle, rassemblant de nombreuses personnalités politiques, militaires et religieuses, a une nouvelle fois mis en lumière l’urgence pour la Guinée de se doter d’une véritable politique de prévention des risques et de gestion des catastrophes.
À noter qu’en plus des quatre corps déjà inhumés, quinze autres victimes seront enterrées ce vendredi au cimetière de Friguiadi, marquant ainsi une étape supplémentaire dans le deuil collectif de la nation.
La liste des victimes
Fatoumata Maladho Baldé, 38 ans
Aly Konaté, 30 ans
Makèmè Kourouma, 30 ans
Matènin Kourouma, 20 ans
Aminata Diallo, 16 ans
Kadiza Barry, 15 ans
Thierno Oury Baldé, 11 ans
Hadja Fatoumata Sira Baldé, 8 ans
Fatoumata Binta Baldé, 7 ans
Fatoumata Konaté, 7 ans
Mamadou Adama Baldé, 6 ans
Fatoumata Bilguissou Baldé, 5 ans
Fatoumata Maladho Baldé, 3 ans
Ansoumane Konaté, 2 ans
Ismaël Kourouma, 10 mois.
Les victimes déjà inhumées sont :
Aminata Diallo, 35 ans
Sékou Kourouma, 35 ans
Abdoulaye Kourouma, 20 ans
Balla Kourouma, 11 ans.
Face à la récurrence des drames environnementaux, le message de Bah Oury sonne comme un avertissement : la solidarité ne suffit plus. Il est désormais temps d’agir de manière concertée et durable pour protéger les populations et sécuriser le territoire. La mémoire des disparus de Manéah doit devenir un moteur de changement, et non une simple tragédie de plus à commémorer.
Facinet Soumah

