WASHINGTON – Le président américain Donald Trump a confronté avec virulence son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, mercredi 21 mai 2025 à la Maison-Blanche, l’accusant sans preuve de couvrir un prétendu meurtre systématique de fermiers blancs en Afrique du Sud. Une scène aussi tendue qu’inattendue, sur fond de désinformation et de tensions diplomatiques croissantes.
Une réunion diplomatique transformée en affrontement politique
La rencontre, initialement prévue pour renforcer les relations bilatérales, a rapidement viré à la confrontation. Donald Trump a coupé les lumières du Bureau ovale pour projeter plusieurs vidéos controversées devant son invité, dont une séquence montrant Julius Malema — figure radicale de l’opposition sud-africaine — chantant une vieille chanson anti-apartheid aux paroles explicites : « Kill the Boer, shoot the Boer ».
Un autre extrait montrait une route bordée de croix blanches, présentées par Trump comme des mémoriaux pour les fermiers blancs assassinés. Visiblement déconcerté, Ramaphosa a réagi : « J’aimerais savoir où c’est, parce que je n’ai jamais vu cela. »
Ramaphosa tente de sauver une relation diplomatique en déclin
Ramaphosa, qui espérait apaiser les tensions, a profité de la réunion pour rejeter fermement les allégations de Trump.
« Nous sommes complètement opposés à cela. Ce n’est pas la politique du gouvernement. Notre politique est complètement, complètement contraire à ce qu’il disait », a-t-il déclaré.
Le président sud-africain a dénoncé une caricature de la réalité sud-africaine, affirmant que la criminalité rurale touche toutes les communautés sans distinction de race.
La diplomatie sud-africaine voit dans cette posture américaine une grave dégradation des relations bilatérales, au plus bas niveau depuis la fin de l’apartheid en 1994.
Une rhétorique polémique assumée par Trump
Pour Trump, le sujet est clair :
« Quand ils prennent la terre, ils tuent le fermier blanc », a-t-il martelé, en référence aux réformes foncières sud-africaines, qu’il décrit comme des « saisies violentes ».
« C’est un massacre, une mort horrible, et personne n’en parle », a-t-il ajouté.
Il a justifié la suspension de l’aide américaine à Pretoria et l’octroi de l’asile politique à plusieurs dizaines de fermiers afrikaners comme réponse à ce qu’il considère comme un « génocide blanc ».
Une mise en scène calculée
Trump a lancé la réunion en décrivant Ramaphosa comme un « homme vraiment respecté dans de très nombreux cercles », ajoutant avec ironie : « Et dans certains cercles, il est considéré comme un peu controversé. »
Ramaphosa, fidèle à son style diplomatique, lui a répondu avec un sourire :« Nous sommes tous comme ça. »
Conclusion : entre tensions diplomatiques et manipulations politiques
Cet épisode met en lumière une fracture idéologique entre les deux dirigeants, mais aussi une instrumentalisation des tensions raciales à des fins politiques. Alors que l’Afrique du Sud tente de redéfinir sa relation avec les États-Unis, la diplomatie semble piégée entre spectacle médiatique et enjeux géopolitiques profonds.
Xolomo Tokpa