Lors d’un échange controversé avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, Donald Trump a ravivé une vieille théorie sans fondement : celle d’un « génocide des Blancs » en Afrique du Sud.
Une affirmation non seulement fausse, mais profondément insultante selon John Dramani Mahama, ancien président du Ghana. Il y voit une atteinte grave à la mémoire collective africaine et à la dignité d’un continent encore marqué par les blessures du colonialisme et de l’apartheid.
« Ces propos ne visent pas seulement l’Afrique du Sud. Ils sont insultants pour tous les Africains. » – John Mahama
Désinformation et stratégie politique
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump utilise ce type de rhétorique. En 2018 déjà, alors président des États-Unis, il avait demandé à son secrétaire d’État de suivre « de près » la situation des fermiers blancs en Afrique du Sud, reprenant une thèse propagée par des groupes d’extrême droite. Cette insistance sur une « persécution inversée » détourne l’attention des réalités historiques : l’Afrique du Sud sort à peine d’un siècle de dépossession institutionnalisée, et les inégalités raciales y sont encore criantes.
Trump transforme ainsi un débat national sur la redistribution des terres — fondement d’une justice sociale post-apartheid — en une menace fantasmée. Mahama, en fin observateur de la géopolitique africaine, voit là une stratégie dangereuse : celle de travestir les luttes de libération africaine en prétexte à la haine.
Ramaphosa : une réponse digne face à la provocation
Face à ces propos, Cyril Ramaphosa a opté pour une posture ferme, mais mesurée. En refusant de se laisser entraîner dans une escalade verbale, il a opposé à la désinformation une parole apaisée et historiquement ancrée. Il a rappelé que le programme de réforme agraire en Afrique du Sud s’inscrit dans une volonté de réparer les injustices sans créer de nouvelles fractures.
Un héritage africain de résistance
John Mahama fait ici le lien entre l’actualité et une mémoire partagée : de l’indépendance du Ghana en 1957 à la révolte de Soweto en 1976, les peuples africains ont constamment résisté aux dominations raciales et culturelles. Ces luttes ne relèvent pas du passé, elles résonnent encore dans les luttes pour la justice sociale, l’accès équitable à la terre, à l’éducation et aux opportunités économiques.
En Afrique du Sud, comme ailleurs sur le continent, la colonisation n’a pas seulement volé des terres — elle a aussi tenté d’effacer les récits. Aujourd’hui, ces récits refont surface, transmis de génération en génération comme un antidote à l’oubli. La parole de Mahama s’inscrit dans cette tradition de mémoire vivante.
Conclusion : un devoir de vigilance collective
En dénonçant Trump, John Mahama ne répond pas simplement à une provocation : il rappelle au monde l’importance de respecter les récits africains, leurs douleurs comme leurs triomphes. L’Afrique ne peut pas être réduite à des caricatures fabriquées de toutes pièces pour servir des intérêts politiques étrangers.
À l’heure où les discours de haine et les manipulations historiques gagnent du terrain, la vigilance des voix africaines s’impose comme un rempart indispensable.
Xolomo Tokpa