Dans une décision aux répercussions politiques considérables, le Tribunal de Première Instance (TPI) de Dixinn a statué ce jeudi en faveur de l’ancien ministre et cadre influent de l’opposition, Ousmane Gaoual Diallo, ordonnant sa réintégration au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
Ce jugement constitue un tournant majeur dans la crise interne qui secoue le principal parti d’opposition guinéen depuis plus de deux ans. Le tribunal a estimé que l’exclusion de M. Diallo, prononcée le 1er juin 2022, avait été entachée de vices de procédure et violait les statuts internes de l’UFDG.
La justice réaffirme la primauté des textes statutaires
En rejetant les arguments avancés par la direction nationale de l’UFDG, le tribunal a :
- Déclaré irrecevables les exceptions de nullité et de fin de non-recevoir soulevées par le parti ;
- Jugé partiellement fondée la demande introduite par M. Ousmane Gaoual Diallo ;
- Constaté la violation des règlements internes dans la procédure ayant conduit à son exclusion ;
- Rendu à nouveau exécutoire une précédente décision de justice (jugement n°193 du 19 juillet 2024), favorable à M. Diallo.
Le congrès peut se tenir, mais à quel prix politique ?
Le tribunal a également ordonné la reprise immédiate des activités du parti, y compris la tenue du congrès, suspendu en raison des dissensions internes. Les frais de procédure ont été mis à la charge de l’UFDG, renforçant implicitement la responsabilité de la direction actuelle dans cette impasse juridique.
Bien que le jugement ne soit pas assorti d’une exécution provisoire, il exerce une pression morale et politique sur les dirigeants du parti, invités à se conformer à leurs propres principes démocratiques.
Une victoire amère pour l’UFDG ?
Cette décision judiciaire survient dans un climat de vives tensions entre des figures historiques du parti et son bureau exécutif. L’éviction d’Ousmane Gaoual Diallo, alors ministre des Transports, avait révélé les fractures stratégiques et idéologiques au sein de l’UFDG.
Sa réintégration judiciaire rebat désormais les cartes. Si certains y voient une opportunité de réconciliation, d’autres craignent une radicalisation des rivalités internes.
Et maintenant ? Réforme ou implosion
Reste à savoir si la direction actuelle de l’UFDG acceptera la décision sans en contester l’application en appel. Le parti se trouve à un carrefour décisif : saisir l’occasion pour se réinventer dans l’unité, ou risquer un éclatement à l’approche des futures échéances électorales.
Quoi qu’il en soit, cette affaire remet en lumière la nécessité d’un fonctionnement démocratique plus rigoureux au sein des formations politiques guinéennes, et souligne le rôle essentiel de la justice comme arbitre impartial dans la régulation de la vie politique nationale.
Facinet Soumah