Le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes est célébrée à travers le monde. C’est une occasion de mettre en lumière les défis auxquels elles sont confrontées dans la quête de leurs droits et aspirations. À cette occasion, notre rédaction a décidé de s’intéresser au football féminin à Kankan, un domaine où de nombreuses jeunes filles passionnées doivent encore lutter contre la réticence de leur entourage.
Après Conakry, Kankan est l’une des préfectures où le football féminin est le plus pratiqué en Guinée. Pourtant, de nombreuses joueuses finissent par abandonner leur rêve sous la pression de leurs familles, convaincues que ce sport est exclusivement réservé aux garçons.
Parmi ces jeunes passionnées, Wodia Keïta évolue au sein de l’Hirondelle FC de Kankan. Étudiante à l’université Julius Nyerere de Kankan, elle nourrit, depuis son enfance, l’ambition de devenir joueuse professionnelle. Cependant, son parcours est semé d’embûches, notamment en raison de l’opposition de son père. « Depuis l’enfance, j’aime le football. J’ai commencé à jouer avec les garçons du quartier et, au début, mes parents ne disaient rien. Mais en grandissant, ils ont commencé à me faire des reproches. »
Selon Wodia, son père s’oppose catégoriquement à son rêve, arguant qu’il n’existe pas de footballeuses professionnelles à Kankan, ni même en Guinée. « Mon père me demande si j’ai déjà vu une fille devenir footballeuse professionnelle ici. Je lui ai répondu non. Aujourd’hui, c’est lui le principal obstacle à mon rêve. Pourtant, ma mère et mes frères me soutiennent. »
Malgré ces difficultés, Wodia Keïta refuse d’abandonner. Elle espère convaincre son père de la laisser poursuivre sa passion tout en poursuivant ses études. « Le football est un rêve d’enfance, et je vais continuer à plaider ma cause auprès de mon père. Pour l’instant, il n’a pas encore accepté, ce qui m’empêche souvent de me déplacer avec mon équipe pour les matchs. Pourtant, je n’ai que deux rêves : étudier et devenir footballeuse professionnelle. »
Conciliant études, tâches ménagères et entraînements, Wodia s’organise rigoureusement pour éviter les conflits avec sa mère. « Jouer à Kankan n’est pas un problème en soi, mais parfois, ma mère se fâche parce que je n’ai pas fait les travaux ménagers. Pour éviter ces reproches, je m’impose un emploi du temps strict : matinée à l’université jusqu’à 14 heures, puis retour à la maison pour aider ma mère avant d’aller à l’entraînement. Après, je rentre directement pour éviter toute tension. »
À Kankan, comme ailleurs en Guinée, de nombreuses jeunes filles passionnées de football voient leur rêve freiné par des barrières socioculturelles. En cette Journée internationale des droits des femmes, elles espèrent que leur situation sera prise en compte afin qu’elles puissent, elles aussi, réaliser leurs ambitions.
Mohamed ALY