La Fédération guinéenne de Football replonge une fois encore dans une nouvelle zone de turbulence. Ce mardi 8 avril 2025, sept membres du Comité exécutif ont adopté une motion de révocation contre le président de FGF, Aboubacar Dinah Sampil, désormais écarté. Cette mesure spectaculaire, inattendue pour certains, mais préméditée pour d’autres, dans une atmosphère où les tensions couvaient depuis plusieurs mois au sein de cette institution. En toile de fond : une guerre d’interprétation des textes, une question de légitimité, et un appel à la FIFA pour arbitrer dans cette affaire.
La décision de destitution est intervenue à l’absence de Bouba Sampil, présent au début de la réunion, a quitté la salle après avoir dénoncé sa régularité. Selon lui, cette rencontre a été annulé suite à la réception d’une correspondance du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la FIFA, invitatmnt à la recherche d’un consensus dans l’attente d’une mission d’accompagnement. » La réunion était illégale ». Déclare t-il. Il indique que, les délais de convocation n’avaient pas été respectés et que la rencontre ne pouvait valablement se tenir sans une nouvelle convocation en bonne et due forme.
Ensuite, il affirme que, le point concernant à sa révocation n’était pas inscrit à l’ordre du jour initial. Pour lui, cette procédure est entachée d’irrégularités manifestes. « Je ne me plierai pas à des décisions illégales ».Dit-il à la presse et annonçant de saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Il souhaite aussi alerter la FIFA sur ce qu’il qualifie de dérive institutionnelle.
Quant aux membres du COMEX, la ligne est claire : la révocation a été votée dans le strict respect des textes de la Fédération Guinéenne de Football. Tous les membres présents (sept sur sept) ont approuvé à l’unanimité la motion de mise à l’écart du président. En attendant l’Assemblée générale annoncé pour le 8 mai 2025, mais en attendant, la présidence par intérim est confiée à M. Sory Doumbouya, vice-président le plus âgé.
Dans une déclaration officielle, le Comité exécutif affirme que cette décision s’inscrit dans un processus statutaire » pleinement conforme à nos textes » , et vise à restaurer la stabilité institutionnelle. Il se dit engagé à travailler de concert avec la FIFA et la CAF pour garantir le bon fonctionnement de la Fédération, tout en poursuivant les chantiers entamés, notamment en matière de réforme statutaire, de formation des acteurs et de développement du football à la base.
Des jours plus tôt, le ministère de la Jeunesse et des Sports, par la voix de son ministre, avait pris acte des tensions internes au sein de la Fédération. Sans chercher à s’immiscer dans les affaires internes, il avait appelé à la retenue et annoncé avoir sollicité officiellement une mission de la FIFA en République de Guinée. Objectif : accompagner les travaux de réforme des statuts, du code disciplinaire et du code d’éthique. Une manière d’apporter un cadre extérieur, neutre et reconnu, au règlement de la crise.
Le ministre avait également invité la Féguifoot à s’abstenir de toute décision d’envergure susceptible d’aggraver la situation, en attendant l’issue de cette mission. Un appel qui, visiblement, n’a pas été entendu ou qui, du moins, n’a pas ralenti l’élan du Comité exécutif.
La crise actuelle dépasse le simple conflit de personnes. Elle met en lumière les fragilités structurelles de la gouvernance du football guinéen. Entre lecture rigide des statuts et manoeuvres politiques internes, la Fédération se retrouve dans un imbroglio institutionnel dont l’issue reste incertaine.
Avec la saisie du TAS annoncée par l’ancien président, et l’implication attendue de la FIFA, le dossier prend une tournure internationale. L’Assemblée générale du 8 mai prochain pourrait constituer une étape décisive, à condition qu’elle soit précédée d’un dialogue sincère et encadré.
Dans cette ambiance électrique, le football guinéen semble pris en otage par ses propres structures. Alors que le pays regorge de talents et que les attentes des supporters sont élevées, l’instance faîtière s’embourbe dans des luttes intestines. Le risque : voir l’image du football national ternie à l’échelle continentale et internationale.
Le Comité exécutif appelle à l’unité, à la responsabilité et au retour au calme. De son côté, Bouba Sampil ne compte pas tomber les bras et campe sur ses positions. Désormais, la balle est dans le camp de la FIFA, qui pourrait jouer le rôle d’arbitre suprême dans ce dossier. Mais en attendant, la féguifoot vogue à vue, suspendue entre deux légitimités.
Facinet Soumah