✨ Chiffres et controverses sur le bilan
Le 1ᵉʳ décembre 2024, le Stade du 3 Avril, à Nzérékoré (Guinée), a été le théâtre d’un drame de foule lors de la finale d’un tournoi. Selon le bilan officiel diffusé ensuite, 56 personnes ont trouvé la mort. Mais des organisations de défense des droits humains estiment le nombre de morts bien plus élevé — jusqu’à 135 ou 140, avec 11 disparus recensés, et de nombreux blessés. D’autres sources, plus alarmistes, évoquaient à l’époque « plus de 300 » victimes.
Ce fossé dans les bilans cristallise la douleur des familles et alimente l’exigence d’une vérité partagée.
⚠️ Ce qui a provoqué le drame
La bousculade serait née d’une décision arbitrale contestée — un carton rouge et un penalty accordé dans la 82ᵉ minute — qui a provoqué l’ire des supporters de l’équipe adverse. Des jets de pierres des supporters ont suivi, puis les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, selon plusieurs témoignages.
Pris de panique, des milliers de spectateurs ont tenté de fuir : la foule s’est ruée vers les sorties, certaines personnes ont tenté de grimper les murs — des chutes et des piétinements ont causé de nombreuses victimes.
📉 Un an après : absence de vérité, vie brisée
La plupart des familles de victimes dénoncent un « silence institutionnel ». Aucun soutien social, psychologique ou financier solide n’a été mis en place, alors que beaucoup survivent dans la précarité. Cette impasse nourrit la douleur : sans vérité, sans réparation, comment guérir un tel traumatisme collectif ?
Plusieurs jeunes ayant survécu au drame témoignent de séquelles psychologiques persistantes. Ils racontent revivre régulièrement les scènes de panique et les images de la foule compressée. Sans prise en charge psychologique, beaucoup se replient sur eux-mêmes, selon leurs familles inquiètes. Certains adolescents ne fréquentent plus les stades ou les rassemblements publics par peur d’une nouvelle bousculade. Les familles affirment qu’une intervention spécialisée aurait pu faciliter leur rétablissement.
Les associations locales en première ligne malgré des moyens limités
Face à l’absence de réponses institutionnelles, plusieurs associations locales tentent d’apporter un soutien minimal aux familles. Elles collectent des vivres, des vêtements et parfois de petites contributions financières. Leur action reste toutefois insuffisante au regard de l’ampleur des besoins exprimés par les victimes indirectes. Les responsables associatifs évoquent un manque de ressources et d’encadrement officiel. Ils demandent une coordination étatique pour structurer un accompagnement durable.
Les leaders religieux mobilisés pour apaiser les tensions
Les imams et prêtres de N’Zérékoré jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement moral des familles endeuillées. Ils organisent des prières collectives pour honorer les victimes et consolider l’unité communautaire. Leurs discours appellent à la patience, tout en soutenant les revendications pour une transparence nécessaire. Les familles affirment trouver dans ces rencontres un espace pour exprimer leur douleur. Ces initiatives complètent un soutien psychologique encore largement absent.
🕯️ Mémoire et justice : ce qui est encore en jeu
Des ONG — dont Amnesty International — avaient appelé, dès décembre 2024, à une enquête indépendante et impartiale : la gestion du crowds, l’usage des gaz lacrymogènes, le contrôle du stade, les issues de secours, tout était mis en cause.
Un an plus tard, ces appels restent largement sans réponse. Le rapport final de l’enquête administrative promise n’est toujours pas rendu public, selon le CSDF.
La mémoire des victimes appelle non seulement des gestes de commémoration — mais surtout une transparence et des mesures concrètes pour garantir que jamais une telle tragédie ne se reproduise.
Depuis le drame, les autorités avaient promis une enquête visant à établir les responsabilités et les failles sécuritaires. Les familles revendiquent aujourd’hui la publication urgente de ce rapport pour avancer dans leur processus de deuil. Elles estiment que cette transparence est indispensable pour éviter une répétition de telles tragédies. Plusieurs organisations de la diaspora ont également intensifié leur pression en ce sens. Cette revendication constitue désormais le principal point de convergence entre victimes et société civile.
Des attentes fortes pour une meilleure sécurité des infrastructures
Les familles demandent aussi des mesures concrètes pour améliorer la sécurité dans les stades guinéens. Elles souhaitent que des protocoles stricts soient mis en place lors des grands rassemblements sportifs. Cette exigence vise à prévenir les risques liés à la surpopulation et à la gestion des foules en cas d’incident. Selon plusieurs parents, la mémoire de leurs proches doit conduire à une évolution durable des pratiques. Ces demandes restent toutefois en suspens, faute d’une réponse publique claire.
Conclusion
Un an après la tragédie du 1ᵉʳ décembre 2024, les familles des victimes vivent entre douleur intime et silence institutionnel. Leurs témoignages révèlent un besoin urgent de vérité, de soutien et de réformes structurelles pour sécuriser les évènements publics. L’absence d’accompagnement officiel accentue la précarité économique et psychologique, particulièrement chez les foyers les plus vulnérables. Cette situation souligne l’importance d’une réponse nationale à la hauteur du traumatisme vécu par la région. À N’Zérékoré comme ailleurs, la mémoire des victimes appelle justice et action.
Xolomo Tokpa

