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dimanche 1 juin 2025

Dubréka : 246 boutiques et une mosquée rasées

Ce vendredi 30 mai 2025, une vaste opération de déguerpissement a brutalement frappé le secteur Elhadj Sow Marché, à Baïlobaya Plateau, dans la commune urbaine de Dubréka. Le bilan est lourd : 246 boutiques, une mosquée de 400 places, 12 toilettes, un forage, un bureau de marché et un commissariat ont été entièrement démolis, selon les occupants… sans le moindre préavis.

Selon plusieurs témoins, des pick-up de la gendarmerie ont bouclé la zone dès l’aube. À leur retour du marché de Km 36, des commerçants ont découvert, médusés, un paysage de désolation. Des bulldozers étaient déjà à l’œuvre.

« Ce matin, en rentrant, on a vu les gendarmes encercler la zone. Les machines démolissaient tout. Nos biens, nos tables, tout a été emporté », témoigne une commerçante, encore sous le choc.

Un terrain au cœur d’un litige foncier opaque

L’opération vise un terrain de 13 parcelles au statut controversé. D’un côté, Kerfala Kaba, décrit comme le donateur du site à la communauté pour la construction d’infrastructures publiques. De l’autre, Abdou Karim Bah, ex-préfet de Dubréka, qui revendique aujourd’hui la propriété du terrain.

« Kerfala Kaba a offert ces 13 parcelles pour y bâtir un marché, une mosquée, un commissariat, un forage… Ce sont des équipements que nous n’avons jamais eus ici », explique Moussa Djoumessi, concessionnaire local et porte-voix des victimes.

Djoumessi accuse l’ex-préfet d’avoir déclenché la procédure de déguerpissement en affirmant avoir gagné un procès foncier. Mais les habitants dénoncent un procès fantôme.

« Ils parlent d’un jugement, mais quand on a demandé la décision, un huissier a seulement brandi des documents suspects. Aucune notification officielle ne nous a été remise », assure-t-il.

Un silence institutionnel inquiétant

Aucune déclaration des autorités locales ou judiciaires n’est venue confirmer ou justifier cette démolition. Le silence des institutions alimente les soupçons de manœuvres politiques ou de règlements de comptes sur fond de conflit foncier.

Pendant ce temps, les victimes errent parmi les gravats. Privées de leur gagne-pain, sans recours ni explication, elles exigent des réponses claires et une restitution de leurs droits.

Ce nouvel épisode illustre une fois de plus la fragilité du droit foncier en Guinée, où l’absence de transparence et de procédures claires continue de faire des victimes.

Facinet Soumah

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