KINSHASA – Le climat politique en République démocratique du Congo s’alourdit alors que le parquet général près la Cour de cassation a officiellement demandé, ce 9 juin 2025, à l’Assemblée nationale d’autoriser des poursuites judiciaires contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba. Il est soupçonné de détournement de fonds publics, dans le cadre d’un projet de construction de prison à Kisangani.
💰 Une affaire de plusieurs millions
Au cœur du dossier figure une enveloppe estimée entre 19 et 39 millions de dollars américains, destinée à la construction d’un établissement pénitentiaire dans la province de la Tshopo. Ces fonds publics auraient été alloués à Zion Construction SARL, une entreprise qualifiée de « fictive » par le parquet.
Selon le réquisitoire du procureur général Firmin Mvonde, présenté devant la plénière de l’Assemblée nationale, les auditions menées les 3 et 6 juin derniers n’ont pas levé les soupçons, mais les ont au contraire renforcés.
⚖️ Une riposte virulente du ministre
Face à ces accusations, Constant Mutamba rejette en bloc toute responsabilité. Le 10 juin, il a contre-attaqué en déposant une demande de récusation visant l’ensemble des magistrats de la Cour de cassation, y compris le procureur Mvonde, qu’il accuse d’acharnement judiciaire et de partialité politique.
Le ministre a également refusé de répondre à une troisième convocation du parquet, estimant que la procédure n’est ni équitable ni conforme aux règles de droit. Il réclame que le dossier soit confié à des magistrats « impartiaux et indépendants ».
🧾 Le parquet clôt l’instruction
Malgré la manœuvre de récusation, le parquet général a annoncé le 12 juin la clôture de l’instruction préjuridictionnelle. Il affirme détenir des éléments probants et attend désormais que l’Assemblée nationale lève l’immunité parlementaire du ministre, préalable indispensable à toute action judiciaire.
Le ministère public invite par ailleurs Constant Mutamba à faire preuve de sérénité et à laisser la justice suivre son cours, conformément à la Constitution et aux lois en vigueur.
🏛️ Et maintenant ?
La balle est désormais dans le camp des députés nationaux. Ceux-ci devront se prononcer sur la levée de l’immunité de leur collègue, condition sine qua non à l’ouverture d’un procès éventuel. En toile de fond, cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, à l’approche des grandes échéances institutionnelles.
Le dossier Mutamba pourrait bien ouvrir un nouveau front politique et judiciaire, au cœur d’un système souvent critiqué pour ses lenteurs, ses influences politiques et ses failles en matière de gouvernance.
Xolomo Tokpa