À quelques jours du référendum portant sur l’adoption de la nouvelle Constitution guinéenne, le gouvernement dirigé par Amadou Oury Bah est fortement mobilisé à l’intérieur du pays dans le cadre de la campagne référendaire, invitant les citoyens à voter pour le « Oui » le 21 septembre. Une initiative critiquée par certains acteurs politiques, qui y voient une atteinte au principe d’équité.
Dans un entretien exclusif accordé à la rédaction d’avenirguinee ce lundi 8 septembre, le président de l’Union pour la Démocratie et le Renouveau du Peuple (UDRP), Dr Édouard Zotomou Pogomou, s’est montré ferme : pour lui, cette mobilisation n’a pas lieu d’être.
« Je trouve que c’est un coup dur porté à la position médiane que devrait adopter le gouvernement dans les consultations organisées, que ce soit pour le référendum ou pour la vulgarisation. Le gouvernement devrait se tenir à équidistance des positions tranchées », a-t-il déclaré.
L’homme politique estime par la suite que le gouvernement aurait dû laisser les citoyens se faire leur propre opinion sur le texte soumis au vote.
« C’est un peu comme si vous êtes le papa d’une belle fille et vous voulez convaincre tout le monde qu’elle est belle. Et, ce faisant, vous ne laissez pas les gens découvrir, par eux-mêmes, la beauté de votre fille. Déplacer le gouvernement pour cette campagne est une erreur fondamentale, car il n’est pas là pour faire la propagande du CNRD, qui, en réalité, devait être un simple instrument de retour à l’ordre constitutionnel, sans y prendre part activement », a-t-il souligné.
Plus grave encore, le leader de l’UDRP soupçonne des pressions exercées sur certains citoyens, notamment les agents de l’administration ou les détenteurs de postes nominatifs, pour les inciter à soutenir le projet de nouvelle Constitution.
« Derrière ce déplacement massif, il y a beaucoup de coercition. Il y a des menaces de perdre les moyens de subsistance liés aux emplois ou aux fonctions attribuées. Cela trahit l’espoir de porter de vrais projets pour le pays. Tout le monde sait qu’il y a une telle décadence, un tel déficit en ressources matérielles comme en ressources financières qu’on ne sait vraiment pas comment on va s’en sortir », a-t-il déploré.
Facinet Soumah

