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mardi 6 mai 2025

Crise au Mali : la démocratie résiste dans la rue

Ce week-end, la capitale malienne a été le théâtre d’un événement rare et courageux : des centaines de citoyens ont bravé la peur et les intimidations militaires pour manifester en faveur de la démocratie. C’est la première mobilisation de cette ampleur depuis que la junte militaire a pris le pouvoir par la force en août 2021.

Rassemblés dans les rues de Bamako malgré la présence massive de forces de sécurité, les manifestants ont dénoncé un projet de loi controversé proposé par le gouvernement de transition. Ce texte, s’il est adopté, dissoudrait tous les partis politiques et permettrait au chef de la junte, Assimi Goïta, d’être nommé président de la République pour un mandat de cinq ans, renouvelable — et ce, sans passer par des élections.

Les slogans scandés par la foule étaient sans équivoque : « Non au pouvoir à vie ! », « Oui à la démocratie ! », « Les partis politiques ne sont pas le problème, la dictature oui ! » Des pancartes brandies dénonçaient aussi l’isolement croissant du Mali sur la scène internationale et les atteintes répétées à la liberté d’expression.

Depuis le coup d’État de 2021, les autorités militaires n’ont cessé de restreindre l’espace civique. Les médias critiques ont été muselés, les opposants politiques poursuivis ou réduits au silence, et les engagements initiaux de transition démocratique ont été reportés à plusieurs reprises. La dernière proposition législative marque, selon de nombreux observateurs, un tournant préoccupant vers une consolidation autoritaire du pouvoir.

Dans un contexte régional déjà tendu, marqué par le retrait du Mali des institutions comme la CEDEAO et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger, cette poussée autoritaire suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la gouvernance dans la région.

L’ONU et plusieurs ONG de défense des droits humains ont appelé à la retenue et au respect des libertés fondamentales. Amnesty International a qualifié ce projet de loi de « tentative manifeste de verrouillage du champ politique et de dérive autocratique inacceptable ».

Malgré les menaces, les manifestants de Bamako ont envoyé un message clair : la société civile malienne reste vivante et résolue à défendre ses droits. Une lutte qui s’annonce longue et difficile, mais essentielle pour l’avenir démocratique du pays.

Xolomo Tokpa

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