La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a rendu, ce mercredi 14 mai 2025, une décision retentissante dans un dossier phare de la lutte contre la corruption en Guinée. L’ex- ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Dr Ibrahima Kourouma, est condamné à quatre (4) ans de prison ferme pour enrichissement illicite.
La chambre de jugement, après des mois d’instruction et d’audiences, a indiqué que le prévenu coupable d’avoir accumulé des biens et des fonds sans justification légale ni proportionnalité avec ses revenus connus, tout en le relaxant des faits de détournement de deniers publics. En répression, il écope également une amende de 3 milliards de francs guinéens.
La Cour a ordonné aussi la confiscation de l’ensemble de ses avoirs illicites au profit de l’État guinéen. Cela inclut :
Les soldes bancaires détenus dans ses comptes chez VISTAGUI et Ecobank ;
Plusieurs terrains bâtis et non bâtis situés à N’tapan (Tombolia), Sonfonia Centre 1, Dabompa Sud ;
Deux résidences à Beyla ;
Et une villa de standing à Lambanyi, dans la banlieue chic de Conakry.
La décision prévoit également la publication du jugement au Journal Officiel aux frais du condamné. En outre, Dr Kourouma devra verser 5 milliards de francs guinéens à l’État guinéen en guise de dommages et intérêts, l’État ayant été constitué partie civile dans cette affaire.
Quant à son coaccusé, Mohamed V. Sankhon, ancien directeur administratif et financier du ministère, il a été relaxé par la justice, les juges estimant que les charges à son encontre n’étaient pas établies.
Dans ce dossier au retentissement national, le ministère public avait requis une peine de 5 ans de prison et une amende de 50 milliards GNF contre les deux prévenus. Les avocats de la partie civile, eux, avaient réclamé plus de 757 milliards de francs guinéens, arguant d’une perte colossale pour les finances publiques, chiffrée à plus de 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars.
Tout au long de l’audience, Dr Ibrahima Kourouma a nié en bloc les faits à lui reprochés. Il était le seul des deux accusés à être en détention préventive depuis le 21 avril 2022.
Ce verdict marque un tournant décisif dans la volonté affichée de l’État guinéen d’en finir avec la corruption systémique qui gangrène l’administration publique depuis des décennies. Il envoie un message clair : nul, fut-il ancien ministre, n’est au-dessus de la loi.
Facinet Soumah