Ces derniers temps, des enlèvements et kidnappings sont devenus très fréquents en Guinée tels que les cas les plus nobles de Foniké Menguè, Billo Bah du FNDC, du journaliste Habib Marouane Camara, Abdoul Sacko, pour ne citer que ceux-là. Ce samedi, 30 Août 2025, notre rédaction a recueilli le témoignage bouleversant de Mamadou Bhoye Diallo, ex-coordinateur local du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) à Gbèssia, quartier Cité de l’Air, dans la commune de Matoto, aujourd’hui en exil.
Connu pour son militantisme acharné contre les abus de la transition militaire, Mamadou Bhoye Diallo a partagé son calvaire survenu le 11 novembre 2023. Pour confirmer ses dires, joint au téléphone Dr Pema Koivogui, du Centre médical Bethesda de Sonfonia Gare, qui a suivi les traitements médicaux de M. Diallo après l’incident, a déclaré : << Il a été admis ici dans la matinée, accompagné par des jeunes conducteurs de taxi-moto à Sonfonia Gare. Il était dans un état grave et inconscient, mais Dieu soit loué, après quelques jours de soins, il a repris connaissance et on l’a conduit à son domicile >>.
Un militant dans le viseur de la répression Mamadou Bhoye Diallo l’une des figures respectées à Gbèssia Cité de l’Air, où il coordonnait les activités du FNDC, un mouvement créé en 2019 pour s’opposer au troisième mandat d’Alpha Condé et qui, depuis le coup d’État du 05 septembre 2021, dénonce les dérives de la junte dirigée par Général Mamadi Doumbouya.
Bien que le FNDC ait été officiellement dissous par les autorités en août 2022, ses membres continuent de subir des persécutions surtout ceux influents dans les antennes ou dans les bases.
<< Mon engagement est né de mon désir de voir une Guinée juste et démocratique >>, a confié M. Diallo.
Aux dires du concerné, son rôle actif dans l’organisation de manifestations locales à Gbèssia, de l’organisation, en passant par la mobilisation et l’aide répétée aux manifestants en besoin, l’a exposé à la répression brutale des forces de sécurité. Son enlèvement violent à Kipé le 11 novembre 2023, à 9h15, alors qu’il se rendait à son lieu de travail, a basculé sa vie selon lui : << Mon chauffeur, Alhassane, garait la voiture devant mon bureau lorsqu’un groupe d’hommes armés et cagoulés, arrivés à bord de pick-up, a brisé la vitre de la portière. Ils m’ont extirpé de force >>. A t-il raconté.
Poursuivant sa narration des faits, traîné au sol, roué de coups et insulté, Mamadou Bhoye a été jeté dans un véhicule, les yeux bandés, et conduit vers une destination inconnue. Après plus de deux heures de trajet, il a entendu des échanges glaçants : << Le colis est là >>, a lancé l’un des ravisseurs, suivi d’un autre ordonnant : << Mettez-le dans la pièce à côté, ces ennemis de la République >>. Attaché à une chaise, les mains liées derrière le dos, Diallo a enduré des heures d’interrogatoires brutaux, de tortures et de privation d’eau et de nourriture.
<< À chaque instant où je reprenais mon souffle, une nouvelle vague de torture commençait >>. A-t-il décrit.
Plus tard, un groupe est entré dans la pièce. Épuisé, affamé et assoiffé, M. Diallo a continué à subir des menaces de mort et des coups d’après lui, Soudain, deux hommes lui ont saisi les mains, toujours attachées. L’un d’eux a versé un liquide corrosif, probablement un produit chimique, sur le dos de sa main droite.
<< La douleur était insupportable. J’ai crié, mais ils m’ont enfoncé un morceau de tissu dans la bouche pour m’étouffer et m’empêcher de crier >>, poursuit-il.
Plus loin, Mamadou Bhoye Diallo demande justice et réparation près de deux (2) ans après les faits. Cet épisode traumatisant dont il porte toujours les cicatrices physiques et psychologiques se ressent en lui lors de toute communication sur le sujet.
<< Cette répression est liée à mon militantisme au FNDC. En ce temps, j’ai demandé une enquête transparente et que justice soit rendue à travers mon avocat, mais qui est restée vaine >>, relate-t-il.
Nous savons tous pour ces genres de tragédie ou situations, aucune enquête sérieuse ne sera diligentée et aucune suite ne sera donnée à cette plainte.
Quant à la société civile guinéenne et à la diaspora, Mamadou Bhoye Diallo a lancé un appel vibrant dans ce contexte : << Ne nous taisons pas face à l’injustice et à la barbarie >>.
À la junte, il exhorte des comptes : << Ces actes barbares doivent cesser >>, par ailleurs il profite de notre rédaction pour appeler à la libération de ses camarades de lutte pro-démocratie Foniké Menguè et Billo Bah ainsi que tous les détenus politiques connus ou dans l’anonymat.
À rappeler qu’en Guinée, cette affaire met en lumière plusieurs cas d’enlèvement des activistes de la société civile et des journalistes qui sont conduits à des destinations inconnues sans aucune convocation notifiée en amont d’une quelconque institution judiciaire du pays.
Affaire à suivre…
FACINET SOUMAH

