Les Journées Nationales des Symboles de l’État, placées cette année sous le thème « La place et le rôle des armoiries et du Sceau de l’État dans l’administration publique », ont été officiellement lancées ce jeudi à Conakry. La cérémonie, présidée par le Premier ministre Bah Oury, a réuni les présidents des institutions républicaines, des membres du gouvernement, des responsables du secteur judiciaire ainsi que de nombreux invités.
L’initiative portée par le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, à travers la Direction nationale des Affaires civiles et du Sceau, vise à promouvoir et valoriser les symboles de l’État, notamment le drapeau, l’hymne national, la devise, les armoiries et le Sceau de la République.
Dans son intervention, Alsény Bah, Directeur national des Affaires civiles et du Sceau, a dressé un tableau préoccupant : une grande partie des citoyens, et même certains agents publics, ignorerait la signification profonde des symboles nationaux. Il souligne notamment la confusion fréquente autour du drapeau tricolore rouge-jaune-vert et la méconnaissance des armoiries adoptées depuis l’indépendance. Le Directeur a rappelé l’évolution historique de ces armoiries, depuis la colombe symbolisant la paix jusqu’aux actuels emblèmes intégrant l’épée, les épis de maïs et les attributs de souveraineté.
Face à ces constats, son service prévoit :
La tenue d’ateliers régionaux, l’envoi de délégués dans les sept régions administratives, la proposition prochaine d’un cadre réglementaire relatif aux cachets et tampons officiels, la préparation d’une deuxième édition des Journées, sous réserve de contraintes budgétaires.
Il a également insisté sur la nécessité de vulgariser les insignes des différents corps (police, douane, gendarmerie), encore trop souvent confondus par les citoyens.
Le Garde des Sceaux, Yaya Kaïraba Kaba, a rappelé la portée mémorielle et citoyenne de l’évènement. Selon lui, ces journées incarnent un double engagement :
celui de l’État à transmettre l’héritage national ; celui du citoyen à honorer les valeurs républicaines.
Il a longuement expliqué la symbolique du drapeau national :
Rouge : le sang des martyrs, le courage et la détermination du peuple guinéen ;
Jaune : la lumière du soleil, la prospérité et l’énergie qui guident le développement ;
Vert : la fertilité, l’espérance, l’harmonie et la paix.
Le ministre a aussi rappelé la devise nationale Travail, Justice, Solidarité qu’il présente comme la pierre angulaire de la construction nationale. Les armoiries, selon lui, sont bien plus que de simples représentations administratives : elles constituent la signature visuelle de la souveraineté guinéenne et le lien indéfectible entre le passé, le présent et l’avenir.
Prenant la parole, le Premier ministre Bah Oury a insisté sur la nécessité de revisiter les symboles de l’État pour les adapter à chaque étape de l’histoire nationale. Pour lui, les symboles ne doivent pas rester figés
« Les symboles de l’État doivent être des âmes vivantes, capables d’intégrer ce que nous devenons. »
Il a évoqué l’importance de préserver les sonorités et expressions artistiques héritées des générations passées, considérées elles aussi comme des symboles de l’identité guinéenne.
Le Premier ministre a également rappelé que le rouge du drapeau n’incarne pas uniquement les martyrs de l’indépendance, mais renvoie à l’ensemble des souffrances historiques, de la traite négrière aux luttes contemporaines.
Enfin, il a salué la dynamique de refondation de l’État et l’adoption récente d’une constitution qui, selon lui, consolide et modernise les symboles nationaux. Il a invité les écoles et les institutions à “faire évoluer le narratif” pour que la jeunesse s’approprie cet héritage et continue à bâtir l’avenir du pays.
La cérémonie s’est poursuivie avec un panel animé par l’ancien magistrat Mohamed Aly Thiam, conseiller au CNT, et le doyen Sirimane Kouyaté, conservateur du Sossobala. Un dialogue entre droit, culture et mémoire, destiné à éclairer davantage le public sur la richesse symbolique de la Guinée.
Le lancement des Journées Nationales des Symboles de l’État marque une étape importante dans la volonté du gouvernement de raviver l’identité républicaine et de renforcer la cohésion nationale.
À travers la pédagogie, la sensibilisation et la valorisation des emblèmes historiques, les autorités ambitionnent de reconnecter chaque citoyen à l’essence même de la nation guinéenne. En redonnant sens au drapeau, aux armoiries et à la devise, la Guinée entend bâtir un futur commun fondé sur la mémoire, la solidarité et le respect des valeurs républicaines.
Facinet Soumah
