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dimanche 7 décembre 2025

CEDEAO : quel avenir après le départ de Bola Tinubu ?

Fin juillet 2025, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu terminera son mandat à la présidence tournante de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Un mandat marqué par de vives tensions avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger – qui ont quitté le bloc en janvier dernier. Alors que le choix de son successeur approche, une question se pose avec insistance : le prochain président de la CEDEAO sera-t-il francophone ? Et surtout, parviendra-t-il à renouer le dialogue avec ses voisins dissidents ?

Un mandat sous haute tension

Depuis sa prise de fonction à la tête de la CEDEAO, Bola Tinubu a dû faire face à une période particulièrement agitée. Les coups d’État militaires successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fragilisé l’unité de la sous-région. Sous son impulsion, la CEDEAO a imposé des sanctions économiques et brandi la menace d’une intervention militaire contre Niamey en 2023, une décision qui a profondément détérioré les relations entre Abuja et l’AES.

Si certains louent la fermeté de Tinubu face aux régimes militaires, d’autres estiment que cette ligne dure a contribué à l’isolement de l’organisation sous-régionale, déjà affaiblie par les défis sécuritaires et économiques. Résultat : la CEDEAO peine aujourd’hui à faire entendre sa voix, tant auprès de ses propres membres que sur la scène internationale.

Un tournant pour la CEDEAO

La fin du mandat de Tinubu ouvre une fenêtre d’opportunité pour une relance du dialogue régional. Le prochain président devra composer avec une CEDEAO fragilisée, confrontée à l’érosion de son autorité et au besoin urgent de se réinventer. Dans ce contexte, plusieurs critères guideront le choix du futur dirigeant : sa capacité à dialoguer avec l’AES, à restaurer la crédibilité de l’organisation, et à apaiser les tensions entre les blocs anglophone et francophone.

Certains analystes estiment que la désignation d’un chef d’État francophone pourrait envoyer un signal d’ouverture aux pays dissidents. Des noms circulent déjà, notamment ceux des présidents du Sénégal, de la Côte d’Ivoire ou encore du Bénin. Tous sont perçus comme modérés et disposés à jouer les médiateurs entre les différentes sensibilités régionales.

Francophone ou anglophone, un choix stratégique

Le débat sur le profil linguistique du futur président de la CEDEAO n’est pas anodin. Historiquement, l’organisation a souvent alterné entre dirigeants francophones et anglophones pour refléter la diversité de ses membres. Toutefois, dans le contexte actuel de polarisation, ce choix pourrait revêtir une dimension hautement symbolique.

Un dirigeant francophone permettrait potentiellement de calmer le jeu avec le bloc sahélien, même si la réintégration de ces pays reste, à ce jour, hypothétique. À l’inverse, un nouveau président anglophone issu d’un pays comme le Ghana ou la Sierra Leone pourrait poursuivre la ligne ferme de Tinubu, avec le risque de voir les divisions s’enraciner.

Réparer ou diviser : l’enjeu du prochain mandat

Au-delà des considérations géopolitiques, le successeur de Bola Tinubu devra faire face à une série de défis cruciaux : instabilité politique, menace terroriste, insécurité alimentaire, changement climatique, croissance démographique galopante… La CEDEAO, si elle veut conserver sa pertinence, devra redevenir une force de médiation, de coopération et de résilience collective.

Le profil du futur président – son pays, sa posture diplomatique, ses engagements – pèsera donc lourd sur l’avenir de la région. À quelques semaines du choix, le suspense reste entier. Une seule certitude : la CEDEAO joue gros.

Xolomo Tokpa

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