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dimanche 7 décembre 2025

Burkina Faso : L’Arrestation des Ivoiriens, un Acte Souverain ou une Provocation ?

Une confirmation officielle qui ravive les tensions sous-régionales

Dans une déclaration sans détour, le président de la transition burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré, a confirmé l’arrestation de six fonctionnaires ivoiriens à la fin du mois d’août. Ces interpellations ont été menées par des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), supplétifs civils de l’armée burkinabè, dans un contexte déjà tendu entre Ouagadougou et Abidjan.

Un incident frontalier ou une affaire politique ?

Selon les autorités burkinabè, les six agents ivoiriens ont été appréhendés dans une zone frontalière pour des motifs encore non clarifiés publiquement. D’après plusieurs sources locales, il s’agirait de fonctionnaires en mission dans une région sensible proche de la frontière. Le Burkina Faso évoque des raisons de sécurité et de « présence suspecte sans notification préalable », tandis que la Côte d’Ivoire exige des explications officielles.

Les relations déjà fragilisées entre Ouagadougou et Abidjan

Cet épisode n’arrive pas dans un vide diplomatique. Les relations entre les deux pays se sont dégradées ces derniers mois, notamment en raison de divergences sur la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, de soupçons d’ingérence, et de rivalités politiques croissantes.

Abidjan, qui entretient une coopération militaire étroite avec la France et d’autres partenaires occidentaux, a parfois été perçue par les régimes militaires du Sahel — notamment au Burkina Faso et au Mali — comme un relai d’une influence étrangère jugée néocoloniale.

En retour, les autorités ivoiriennes s’inquiètent de l’instabilité croissante dans la région, et de la multiplication des acteurs armés non conventionnels comme les VDP, dont certains débordements sont redoutés.

Une arrestation lourde de conséquences diplomatiques

L’affaire rappelle les tensions nées en 2022 entre le Mali et la Côte d’Ivoire, lorsque 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés à Bamako et accusés d’être des « mercenaires ». Leur détention avait provoqué une crise majeure entre les deux pays, avant leur libération sous pression régionale.

Dans le cas du Burkina Faso, la position du Capitaine Traoré reste pour l’instant ferme : « Tout acte jugé contraire à notre souveraineté ou menaçant notre sécurité fera l’objet de réponses appropriées », a-t-il affirmé. Aucun détail n’a été fourni sur les conditions de détention ni sur une éventuelle médiation en cours.

Appels au dialogue régional

Face à cette nouvelle crise bilatérale, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à la désescalade. Des diplomates ouest-africains ainsi que des acteurs de la société civile exhortent les deux capitales à privilégier la voie du dialogue. L’Alliance des États du Sahel (AES), à laquelle appartient le Burkina Faso, n’a pour l’instant pas pris position officielle.

La CEDEAO, affaiblie par les départs successifs du Mali, du Burkina Faso et du Niger, semble également absente de la médiation. Une absence qui renforce les inquiétudes quant à l’avenir de la coopération régionale dans la sous-région.

Xolomo Tokpa

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