Bruxelles, 16 mai 2025 – Devant le Parlement européen, ce vendredi, l’ancien banquier international devenu opposant politique, Tidjane Thiam, a pris la parole devant une foule de partisans, drapés aux couleurs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Une manifestation symbolique mais fortement médiatisée qui marque une nouvelle étape dans l’offensive diplomatique que le leader ivoirien mène depuis son départ du pays.
Au cœur de sa démarche : contester la décision de la justice ivoirienne qui, début mai, a ordonné sa radiation de la liste électorale, le rendant inéligible à la présidentielle prévue le 25 octobre 2025. Pour Thiam, cette décision est une manœuvre politique visant à l’écarter de la course à la magistrature suprême, qu’il s’apprêtait à disputer pour la première fois de sa carrière.
« Ce combat ne concerne pas seulement Tidjane Thiam. Il concerne chaque Ivoirien, chaque Africain qui croit en la démocratie. Nous demandons une élection inclusive, transparente et crédible », a-t-il déclaré sous les applaudissements, dénonçant une « instrumentalisation de la justice ».
Une offensive diplomatique à Bruxelles
Depuis près de deux mois, Tidjane Thiam a quitté Abidjan pour s’installer temporairement en Europe. À Bruxelles, il multiplie les rencontres avec les représentants des institutions européennes et les diplomates de plusieurs chancelleries. L’objectif affiché : attirer l’attention de la communauté internationale sur ce qu’il qualifie de « recul démocratique en Côte d’Ivoire » et obtenir des pressions en faveur de sa réintégration dans le processus électoral.
Selon un membre de sa délégation, le leader du PDCI-RDA a rencontré ces derniers jours plusieurs eurodéputés, ainsi que des responsables du Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Des contacts auraient également été établis avec les ambassades de France, d’Allemagne, et de Belgique.
« Nous demandons que l’Union européenne envoie une mission d’observation électorale indépendante, et qu’elle exige des garanties de transparence dans le processus électoral », a affirmé l’un de ses conseillers.
Une situation politique tendue à Abidjan
La radiation de Tidjane Thiam intervient dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions entre le pouvoir en place et les principaux partis d’opposition. Le gouvernement ivoirien affirme que cette mesure répond à des irrégularités liées au statut administratif du candidat, mais le camp Thiam y voit une décision manifestement politique, destinée à écarter un adversaire jugé trop sérieux par le régime en place.
Le PDCI-RDA, l’un des plus anciens partis politiques du pays, a immédiatement dénoncé une « violation flagrante des droits civiques » de son président. Plusieurs organisations de la société civile ont également exprimé leur inquiétude face à cette décision, évoquant un climat électoral de plus en plus fermé.
Vers un bras de fer prolongé ?
Alors que le calendrier électoral avance, l’exclusion de Tidjane Thiam pourrait rebattre les cartes de la présidentielle. Mais pour le principal intéressé, l’heure n’est pas à l’abandon. Il entend épuiser tous les recours juridiques disponibles tout en poursuivant son plaidoyer à l’international.
« Le peuple ivoirien mérite mieux que des élections verrouillées. Nous allons nous battre jusqu’au bout », a-t-il martelé à Bruxelles, déterminé à ne pas laisser son éviction passer sous silence.
Xolomo Tokpa