Conakry – L’Afrique de l’Ouest, riche en ressources minières stratégiques, continue de voir ses populations bénéficier insuffisamment des immenses revenus générés par le secteur. C’est le constat dressé par Issa Diaw, Représentant résident de la Banque mondiale en Guinée, lors d’une rencontre régionale à Conakry consacrée au renforcement du contrôle fiscal dans le secteur extractif.
Dans son allocution, Issa Diaw a rappelé le poids stratégique de l’Afrique de l’Ouest sur la scène minière mondiale :
• L’or au Ghana, au Mali et au Burkina Faso représente 58 % de la production aurifère africaine et 16 % de la production mondiale en 2024.
• La Guinée s’est imposée comme premier producteur mondial de bauxite, contribuant, avec la sous-région, à 25 % de la production globale.
. À ces richesses s’ajoutent le fer, le diamant, les phosphates, le lithium, ainsi que des minéraux verts et terres rares indispensables à la transition énergétique mondiale.
• ” L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui la région la plus dynamique du continent en matière d’exploration, de découverte et de développement minier “. A affirmé M. Diaw.Si le secteur génère des recettes considérables – entre 700 millions et 1 milliard de dollars par an pour cinq pays de la région, et 300 à 600 millions pour trois autres, les impacts sur la vie des citoyens restent faibles.Pour Issa Diaw, ce décalage est dû à plusieurs facteurs :
• régimes fiscaux complexes,• manque d’expertise technique,
• manipulation des prix de transfert,• flux financiers illicites,• faible coopération entre États.
• ” Il faut que la prospérité générée par nos mines se traduise concrètement en infrastructures, en éducation, en soins de santé et en emplois pour nos concitoyens. C’est une question de justice, d’équité et de prospérité partagée “. A déclaré avec insistance.
Le Représentant de la Banque mondiale a salué les avancées réalisées, notamment en Guinée, avec la création d’une direction dédiée aux mines au sein de la Direction générale des impôts, renforçant ainsi la transparence et le suivi des recettes.
Dans le même esprit, la Banque mondiale a lancé la phase d’identification d’un programme régional de mobilisation des ressources domestiques et d’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques. Trois pays pilotes sont concernés : Côte d’Ivoire, Bénin et Guinée.
” Personne ne viendra défendre les intérêts de nos États face aux grandes multinationales. C’est à nous de trouver des accords équilibrés qui préservent les intérêts de toutes les parties ” A averti Issa Diaw.
Cette déclaration résonne comme un appel pressant à une gouvernance minière plus juste et à une redistribution équitable des richesses, afin que le potentiel minier exceptionnel de l’Afrique de l’Ouest se traduise enfin en bénéfices tangibles pour ses populations.
Facinet Soumah

